8.26.2013

Découverte des plus anciens jetons de jeu en Turquie

Des petites pierres taillées déterrées dans un cimetière, vieux de près de 5000 ans, pourraient représenter les premiers jetons de jeu jamais trouvés, selon les archéologues turcs qui fouilles des tombes du début de l'âge du Bronze.

 Ces petites pierres sculptées trouvées dans une tombe du début de l'âge du bronze pourraient être les plus anciens jetons de jeu découverts à ce jour.

La découverte a été faite dans une sépulture à Basur Höyük, un monticule de 250m sur 150m près de Siirt dans le sud de la Turquie.

Les pièces se composent de 49 petites pierres de différentes formes sculptées et peintes en vert, rouge, bleu, noir et blanc.

"Certaines représentent des cochons, des chiens et des pyramides, d'autres sont rondes et en forme de balles. Nous avons aussi trouvé des dés et trois jetons ronds en coquillage blanc et surmontés d'une pierre noire ronde," précise Haluk Sağlamtimur de l'Université Ege, en Turquie.

Selon l'archéologue, qui a présenté sa conclusion lors d'un symposium annuel, des pièces similaires ont été trouvées auparavant à Tell Brak et Jemdet Nasr, deux monticules funéraires dans le nord-est de la Syrie et en Irak. "Mais leurs découvertes étaient isolées; c'était des objets uniques et par conséquent, ils ont été considérés comme étant de simples pierres", explique Sağlamtimur, "au contraire, nos pièces de jeu ont été retrouvées ensemble. C'est une découverte unique, un ensemble assez complet d'un jeu de type échecs. Nous sommes perplexe sur sa stratégie".

Cette découverte confirme que les jeux de société sont susceptibles d'être originaires de la région du Croissant Fertile et de l'Egypte, il y a plus de 5000 ans (le senet de l'Egypte prédynastique est considéré comme le plus ancien jeu de société au monde).


Les jetons étaient accompagnés de pièces ou bâtons en bois mal conservés.

Sağlamtimur espère pouvoir fournir des indications sur les règles et la logique derrière le jeu: "d'après la distribution, la forme et le nombre de morceaux de pierres, il semble que le jeu était basé sur le nombre 4".


Les documents archéologiques indiquent que les jeux de plateau étaient courant en Mésopotamie.

Plusieurs plateaux magnifiquement ouvragés ont été découverts par l'archéologue britannique Leonard Woolley. C'était dans le cimetière royal d'Ur, l'ancienne cité sumérienne près de la ville irakienne moderne de Nassiriya, que beaucoup considèrent comme le berceau de la civilisation.

Datant de la première dynastie d'Ur, autour de 2550-2400 avant JC, les plateaux étaient associés au "Jeu des vingt carrés", un jeu de société joué autour de 3000 avant JC.
De beaux jetons liés au jeu ont été trouvés disposés en ligne, avec les couleurs alternées, dans un autre tombeau à Ur. L"ensemble comprenait sept rondelles de coquillages noirs incrustées de cinq points de lapis-lazuli et sept en coquillages blancs incrustés de 5 points de schiste noir.

Plusieurs jeux de plateau avaient été trouvés par l'archéologue anglais Leonard Wooley dans le cimetière Royal d'Ur.


Beaucoup plus élaborées, les pierres de jeux qui viennent d'être découvertes ont été récupérées dans l'une des neuf tombes de Başur Höyük.

Le site fut habité dès 7000 avant J.-C. et était sur une route commerciale entre la Mésopotamie et l'Anatolie orientale. Dans l'ensemble, la tombe a révélé un trésor unique comprenant des poteries peintes et non peintes, des fers de lance en bronze, divers objets rituels, des sceaux avec des motifs géométriques et environ 300 objets amorphes en bronze bien conservés.


La majorité des pots avaient des résidus de bitume.

Sağlamtimur pense que le bitume faisait probablement partie d'un rituel funéraire ou était utilisé pour empêcher une utilisation secondaire des poteries.

Des dizaines de milliers de perles en cristal de montagne et d'autres types de pierres ont également été trouvées dans les sépultures.
"Les pièces de jeu, les milliers de perles, les centaines de pots complets et les objets métalliques indiquent que ces tombes ne sont pas des sépultures ordinaires, mais plus probablement qu'elles ont appartenu à des personnes d'une classe dirigeante", a supposé Sağlamtimur.

Les datations au radio carbone a daté ces objets funéraires à 3100-2900 avant JC, ce qui confirme les caractéristiques stylistiques des articles et le niveau technologique avancé de la population locale du début de l'âge du bronze.

"La tombe contenait des objets métalliques, des céramique et des sceaux, avec différentes caractéristiques et influences; cela indique que les populations locales étaient en étroite relation avec les cultures régionales avoisinante", selon Sağlamtimur.

Vers la moitié de 4000 ans avant JC, lorsque les premières grandes villes de l'histoire ont surgi en Mésopotamie, l'influence de la culture mésopotamienne d'Uruk s'est étendue aux régions environnantes.
Des différences significatives ont émergés entre les colonies de l'Ouest de la vallée de l'Euphrate et les colonies orientales de l'Al Jazira: la rivière dans la plaine de Mésopotamie qui englobe le nord-ouest de l'Irak et le nord-est de la Syrie.

Dans les communautés de l'Ouest, le processus d'urbanisation a été interrompue, alors que les dirigeants de clans de guerrier montraient leur pouvoir à travers des rites complexes et des enterrements riches en métaux et armes funéraires.

Pendant ce temps, le processus d'urbanisation s'est poursuivie dans les colonies de l'Est avec le développement d'une nouvelle culture appelée Ninivite V. Comme la culture Uruk, Ninivite V n'a pas porté une grande attention aux rites funéraires et les sépultures n'étaient pas particulièrement riches en artéfacts.

"Les résultats à Basur Höyük enrichissent notre connaissance en révèlant une coexistence des traditions et une continuité des relations entre les communautés des montagnes du nord et les sites mésopotamiens," explique Marcella Frangipane, professeur d'archéologie préhistorique à La Sapienza de Rome.

Frangipane est la directrice des fouilles à Arslantepe, un site près de la ville de Malatya et source de l'Euphrate, dans le sud-est de la Turquie, à environ 400 km à l'ouest de Basur Höyük: "L'étude de ces résultats, ainsi que d'autres découvertes dans des sites de l'est de l'Anatolie, va nous permettre de reconstruire une nouvelle histoire de cette région qui est en effet le point de rencontre des plus anciennes civilisations du Proche-Orient".

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour votre blog vraiment très intéressant

J.Lassalle a dit…

Bonjour,

Merci pour votre commentaire. Cela fait toujours plaisir !