1.20.2016

Les philistins ont introduit le figuier sycomore, le cumin et le pavot somnifère en Israël au cours de l'âge du fer


Une des questions les plus importantes en matière de conservation biologique moderne et "la biologie de l'invasion". En raison de contacts sans précédents entre des peuples et des cultures, certaines espèces animales et botaniques se sont répandues à travers le monde, causant souvent d'énormes dommages aux espèces locales.

Les philistins ont introduit le figuier sycomore, le cumin et le pavot somnifère en Israël au cours de l'âge du fer

Cela est illustré dans une étude publiée en Août 2015 par les archéologues de l'Université Bar-Ilan (Suembikya (Sue) Frumin, Prof. Ehud Weiss et Prof. Aren Maeir) et l'Université Hébraïque (Dr. Liora Kolska Horwitz).

Ils ont décrit les restes bio-archéologiques de la culture philistine au cours de l'âge du fer (12ème siècle au 7ème avant l'Ere Commune).

L'équipe a compilé une base de données de restes de plantes extraits de sites des âges du bronze et du fer dans le sud du Levant; il s'agissait aussi bien de sites philistins que non philistins. En analysant les données recueillies, les chercheurs ont conclu que les philistins sont arrivés en Israël avec leurs plantes. Les espèces rapportées sont toutes des variétés qui n'existaient pas auparavant en Israël.

Structure de la liste florale sur chaque site de l'âge du fer. La taille des cercles montre le ombre totale de nouvelles espèces de plantes identifiées sur des sites de l'âge du fer. La couleur rouge indique les espèces apparues seulement sur des sites philistins de l'âge du fer. La couleur verte indique des espèces apparues uniquement sur des sites non philistins de l'âge du fer. En bleu, ce sont des espèces communes à des sites philistins et non philistins. Les trois nombres représentent la quantité d'espèces philistines/non philistines/communes sur un même site.

Cela inclut les parties comestibles du pavot à opium (Papaver somniferum) originaire d'Europe de l'ouest; le figuier sycomore (Ficus sycomorus), dont les fruits sont cultivés dans l'est de la Méditerranée, plus particulièrement en Egypte, et dont la présence en Irasël comme arbre cultivé localement n'est attestée qu'au cours de l'âge du fer; et enfin le cumin (Cuminum cyminum), une épice originaire de l'est de la Méditerranée.

Sue Frumin, étudiante en doctorat au laboratoire archéobontanique du Professeur Ehud Weiss, à l'Université Bar-Ilan, explique que "les parties comestibles de ces espèces (opium poppy, sycomore, et cumin) n'ont pas été identifiées dans les données archéobotaniques en Israël avant l'âge du fer, lorsque la culture philistine est apparue dans la région."

Aucune de ces plantes ne pousse à l'état sauvage en Israël aujourd'hui, elles ne se développent bien que comme des plantes cultivées. "En plus de la translocation de plantes exotiques à partir d'autres régions, les philistins ont été la première communauté à exploiter plus de 70 espèces de plantes synanthropiques (des espèces qui se développent bien dans le voisinage de l'homme) qui étaient disponibles localement en Israël, comme le pourpier, le radis sauvage, la salicorne, la jusquiame noire et la vigna. 
Ces variétés de plantes n'ont pas été trouvées dans des sites archéologiques avant l'âge du fer, ni dans des sites archéologiques de l'âge du fer non philistins (sites canaanites, israélites, judahite et phéniciens)."

La "révolution agricole" qui a accompagné la culture philistine reflète des préférences diététiques et un régime agraire différents de leurs contemporains.

Le fait que ces trois plantes exotiques introduites par les philistins proviennent de régions différentes s'accorde bien avec les diverses origines géographiques de ce peuple.
Les philistins, un de ces peuples de la mer, étaient une communauté multiethnique originaire de l'Egée, de Turquie, Chypre et d'autres régions de l'est de la Méditerranée. Ils se sont implantés dans les plaines côtières du sud d'Israël à l'âge du bronze ancien (12ème siècle avant l'Ere Commune), et se sont intégrés aux cananéens et à d'autres populations locales, pour finalement disparaitre à la fin de l'âge du fer (600 avant l'Ere Commune).

Les résultats de cette recherche indiquent que la présence d'environ 600 ans de culture philistine en Israël a eu un impact majeur, et sur le long terme, concernant la biodiversité florale locale. Ils ont ont laissé comme héritage biologique une variété de plantes encore cultivées de nos jours en Israël, dont, entre autre, le figuier sycomore, le cumin, la coriandre, le laurier sauce et le pavot à opium.

Les philistins ont aussi laissé leur empreinte sur la faune locale. Dans une étude précédente, deux des auteurs ayant participé à l'étude présente (Maeir et Kolska Horwitz) ont extrait de l'ADN d'anciens ossements de porcs sur des sites philistins et non philistins en Israël. Ils avaient alors démontré que les cochons européens avaient été introduits par les philistins en Israël et avaient submergé lentement les populations locales de porcs à travers le croisement. En conséquence, le sanglier moderne en Israël porte aujourd'hui un haplotype européen plutôt que local (proche orient).

Comme le montrent ces études, l'examen d'anciennes données bioarchéologiques peut nous aider à comprendre des mécanismes à long-terme et des vecteurs qui ont contribué à la biodiversité de la faune et de la flore actuelles.

Ces informations peuvent également aider les écologistes contemporains dans le traitement de la question importante des espèces envahissantes.

 
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