5.19.2016

Les techniques et connaissances avancées de Caral inspirent les architectes modernes


Les architectes en quête de solutions pour une vie durable au 21ème siècle se sont penchés sur l'ancienne cité de Caral au Pérou, une merveille d’ingénierie construite il y a 5000 ans.

Les bâtisseurs ont créé une ville avec des pyramides, des amphithéâtres, des bâtiments anti-sismiques et des conduits souterrains pour canaliser le vent et maintenir les foyers allumés. Tout cela avec des outils rudimentaires.

 Caral.  Photo: ANDINA/Difusión

Il s'agit du site de la plus ancienne civilisation connue en Amérique, la Civilisation de Caral ou  Norte Chico. Elle s'est développée entre 3000 et 1800 avant JC et est presque aussi vieille que l'ancienne Egypte.

Des architectes du monde entier se sont réunis à Caral pour chercher de l'inspiration dans ses ruines brun sable et discuter des défis auxquels font face l'humanité 5000 ans plus tard.

L'Union Internationale des Archtiectes s'est réunie sur le site du Patrimoine Mondial de l'UNESCO et a signé un document, la Lettre de Caral, qui cite la ville antique comme exemple de planification urbaine durable et de vie en harmonie avec la nature. La lettre a été présentée aux pourparlers de Paris sur le climat.

"Nous nous tournons vers le passé pour voir comment les civilisations s'organisaient il y a 5000 ans,  pensaient à leur engagement envers la nature et appréhendaient leur vision cosmique" rapporte Jose Arispe, un des architectes qui était au Pérou, et conseiller à l'Union Internationale des Architectes. Il s'est émerveillé des prouesses techniques comme les conduits utilisés à Caral pour fournir de l'air aux feux utilisés dans les cérémonies religieuses afin de les garder allumés.

Le système repose sur ce que les physiciens appellent aujourd'hui l'Effet Venturi, la réduction de la pression lorsqu'un fluide circule dans un espace restreint. "Nous redécouvrons les travaux d'architectes et d'ingénieurs de l'époque, lorsqu'il n'y avait pas d'instruments comme le niveau ou le fil à plomb. C'est de la grande ingénierie," continue Arispe.

Monolithe, surnommée ""Huanca", sur le site de Caral.

Les constructions dans la ville, située dans une zone d'activité sismique, disposent également de fondations flexibles, appelées "shicras", qui ressemblent à de grands paniers remplis de pierres, une technique servant à minimiser les dommages lors des tremblements de terre.

Les habitants de Caral n'avaient apparemment pas d'armes ni murs d'enceinte. "C'était une culture paisible qui sert de référence pour les générations futures" ajoute Arispe.

Ils ont aussi construit leur cité sur des terres arides afin de préserver le terrain fertile pour l'agriculture. "Cette société était très intéressée par le développement en harmonie avec la nature. Ils n'ont jamais occupé la vallée, et ne se sont pas implantés sur les terres productives. Les champs fertiles étaient des déités" explique l'archéologue péruvien, Ruth Shady, qui a mené les premières fouilles à Caral en 1996 et a attiré l'attention du monde sur le site.

Caral se situe dans la Vallée Supe, une région semi-aride à environ 200km au nord de Lima.

Le site est dominé par sept pyramides en pierre. La cité a été construite autour de deux places circulaires creuses, et les fouilles indiquent qu'il y avait des marchés réguliers qui attiraient les commerçants de toute la région.

Pêcheurs et fermiers pouvaient échanger leurs biens contre des flutes faites en os de condor, ou des coquillages, provenant de contrées aussi lointaines que l’Équateur de nos jours, pour faire des colliers.

Les fouilles pour en connaitre d'avantage sur l'histoire du site sont encore en cours.

 La cité pourrait aussi être le lieu de naissance du Quechua, qui est devenu la langue de l'empire Inca et qui perdure encore de nos jours. "C'est une civilisation parvenue de splendeur et de prestige. C'est un message pour le monde: nous pouvons vivre en harmonie avec la nature pour protéger la planète et avoir plus de respect et de relations pacifiques avec les autres cultures" ajoute Shady.

Caral a été touché par une longue sécheresse aux alentours de 1800 avant JC, forçant les habitants à abandonner la région. Après leur départ, la cité fut ensevelie sous le sable.

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