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1.02.2012

Irikaitz: un site archéologique plein de surprises


La découverte récente d'un pendentif à l'Irikaitz, site archéologique à Zestoa (dans la province basque de Gipuzkoa), a donné lieu à un débat animé...

Fouilles sur le site d'Irikaitz, Espagne.

Ce pendentif pourrait avoir près de 25.000 ans, ce qui en ferait le plus ancien découvert à ce jour sur des fouilles à l'air libre dans l'ensemble de la péninsule ibérique. Cette pierre, de neuf centimètres de long avec un trou pour la pendre au cou, en plus de servir de parure, aurait été utilisée pour aiguiser les outils.

La découverte a eu une grande répercussion, mais ce n'est pas la seule qui a été faite par l'équipe que dirige Alvaro Arrizabalaga: "Presque chaque année, quelque artéfact archéologique de grande valeur est découvert, parfois, même 8 ou 10. C'est un endroit très fructueux".
Irikaitz se trouve derrière la station thermale de bain de Zestoa, de l'autre côté de la rivière Urola à 14 mètres de la rive du fleuve.
L'archéologue de l'Université du Pays Basque (UPV / EHU) y a mené des fouilles été après été, avec des étudiants et des chercheurs de diverses universités et en coopération avec la Société des Sciences Aranzadi.
Depuis 1998, ils ont découvert 32 mètres carrés, ce qui n'est rien comparé aux huit hectares (au moins) de ce "gigantesque" site en plein air.
L'archéologie exige beaucoup de patience, mais les résultats valent la peine: "C'est comme si vous aviez trouvé quelque chose qui attendait de tomber entre vos mains depuis 200.000 ans".


Un site plein de surprises

Les tâches se rapportant à un site archéologique sont longues et complexes dans tous les cas, mais plus particulièrement à Irikaiz.
Tout d'abord parce que le site est à l'air libre. Lorsqu'il s'agit de grottes, on sait qu'elles ont servi de refuges à nos ancêtres et, une fois leur emplacement identifié, il est fort possible que des trésors archéologiques s'y trouvent.
Les sites archéologiques à l'air libre, quant à eux, sont découverts lors de constructions de certaines infrastructures par le génie civil, et il est difficile de prédire ce qui sera trouvé.

Par ailleurs, à Zestoa il y a des restes du paléolithique inférieur, or il n'y a guère de références sur cette période au Pays Basque. Selon M. Arrizabalaga, quand ils ont commencé, "c'était comme une loterie. Nous ne savions pas à quoi nous attendre, que ce soit sur ​​la chronologie ou sur les types de vestiges susceptibles d'être découverts".
C'est précisément à cause de ce manque de références qu'ils ont été fascinés lorsqu'ils sont tombés sur des matières premières "totalement exotiques": des pierres volcaniques. "Lors de la première fouille, nous avons tout d'abord pensé que quelqu'un avait pu amener ces pierres pendant la construction du chemin de fer de l'Urola, afin de les utiliser comme lest. Tout était si surprenant et incroyable", dit l'archéologue.
En fait, ce phénomène a une autre explication logique: "Il s'agit d'une exception géologique. Dans la vallée du fleuve Urola il y a une couche de pierres volcaniques que la rivière a coupé, puis les a ramené à la surface jusqu'à les rapporter à cet endroit. C'est pourquoi les hommes de la préhistoire sont venus ici - il n'y avait aucun autre endroit dans le Pays Basque avec des pierres comme celles-ci".


Une marge de 350.000 années !

Le fait que les restes soient si anciens ou que les caractéristiques des matériaux soient si inhabituelles rend les datations d'Irikaitz très difficile; la plupart des méthodes couramment utilisées ont peu d'utilité ici.
Ainsi, par exemple, toute forme de datation des restes d'ossements est à écarter, contrairement à d'autres sites, car ici il n'y a guère de tels vestiges, la terre étant si acide qu'elle n'en a gardé aucune trace, ne laissant que les outils de pierre et les fossiles végétaux.
Une datation certaine est donc très improbable.

Ce que l'on sait, c'est qu'il y a eu deux périodes d'occupation humaine à Irikaitz, la plus récente remonte à 25.000 ans, le pendentif découvert cet été date de cette époque.
Mais, c'est l'occupation la plus ancienne qui donne du fil à retordre aux experts. Oui, elle date de l'âge de pierre (du paléolithique inférieur), mais quand exactement ?
Il n'existe guère de sites archéologiques semblables à celui-ci permettant de servir de référence.


Une méthode de datation basée sur la luminescence.

Comme l'explique un archéologue: "il n'y a aucun autre cas du Paléolithique inférieur dans ces conditions, le long de la bande de terre bordée par le golfe de Gascogne, et seulement quelques-uns dans l'ensemble de la péninsule ibérique".
Il est impossible de réduire la marge de 350.000 ans: "Nous savons que l'occupation ne peut dater de moins de 150.000 ans (lorsque cette période se termine), et ne peut-être supérieure à 500.000 ans, parce que la mer recouvrait la région à cette période".

Par conséquent, sur la vingtaine de méthodes de datation actuellement existante, il n'y en a pas plus de deux applicables à Irikaitz. Toutes deux, impliquant la luminescence, sont utilisées par l'équipe d'Arrizabalaga pour tenter d'obtenir des résultats.
La première méthode permet de déterminer quand le soleil a illuminé un morceau de quartz pour la dernière fois; cependant, les résultats ne sont pas probants à ce jour.
La seconde méthode est basée sur thermo-luminescence, méthode avec laquelle ils travaillent actuellement: elle est appliquée à certains types de pierres qui ont subi un chauffage par le feu, et la mesure est basée sur la quantité de rayonnements accumulés.

Depuis 1998, plus de 500 personnes ont effectué des travaux de terrain sur ce site archéologique préhistorique d'Irikaitz; sans compter ceux qui ont apporté leur contribution par des études en laboratoire.
C'est donc un groupe de chercheurs considérable qui a travaillé avec ténacité pour apporter des résultats, quelque soit leur importance.
Beaucoup de ces chercheurs appartiennent à l'Université du Pays-Basque, comme M. Arrizabalaga. Et, bien que le fruit de leur travail soit de longue haleine, ils se sentent récompensés. "Si vous tapez -Irikaitz- dans Google, quelque 7.000 entrées apparaissent. Nous avons commencé à creuser en 1998 et, en 2001, le site a été mentionné comme référence dans l'histoire de cette zone géographique".


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