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7.30.2016

Quand des dents de bébé nous parlent de l'empire polynésien

Au milieu du Pacifique Sud, près des Fidji et Samoa, se situent les îles Tonga. Jusqu'au 19ème siècle, cet archipel était dirigé par une ligné de rois appelés les Tu’i Tonga. Leur empire connut son apogée au début du 16ème siècle; ensuite, les guerres civiles ont miné les Tonga puis les premiers explorateurs européens sont arrivés, engendrant le chaos.

Localisation de Tonga sur le globe. (Image wikimedia commons sous licence CC-BY-SA 3.0)

Une équipe d'archéologues a analysé les restes d'un squelette de l'empire Tu’i Tonga afin d'en savoir plus sur le bilan humain au cours de cette période d'instabilité politique. Avec la permission du Royaume des Tonga, les archéologues de l'Université d'Otago de Nouvelle-Zélande ont analysé des dents de bébé provenant de deux tertres funéraires sur le site préhistorique d'Atele, sur l'île de Tongatapu, cœur de l'ancien empire.

Les squelettes ont été datés entre 1500 à 1800  après JC, une époque où le commerce florissait mais aussi où les différences entre les classes sociales s'accentuaient.
Au cours de cette période, le chef suprême de l'Empire Tu’i Tonga fit bâtir d'importants édifices en réquisitionnant le surplus de production des classes inférieures.

En quelques siècles, ces classes sociales, et l'empire lui-même, se sont fracturées suite à la guerre et des conflits politiques internes.

Ossements d'un enfant préhistorique du site d‘Atele, Royaume de Tonga. Photo: Siân Halcrow

Le site archéologique d'Atele, avec ses importants échantillons de squelettes d'enfants et bébés, permet aux chercheurs de répondre aux questions concernant la santé, les maladies et les stress physiologiques au cours de l'enfance.

La propagation des maladies infectieuses et épisodes périodiques de famines, suspectées par les les archéologues, ont probablement affecté les populations vulnérables plus durement.

Afin de tester leur hypothèse, l'équipe, dirigée par le dentiste Rami Farah et la bioarchéologue Siân Halcrow, a utilisé la microtomographie à rayon X (XMT). Ils ont pu ainsi examiner de plus près ces anciennes dents d'enfants et détecter des traces de décoloration dues au stress physique.

Farah et ses collègues ont trouvé des différences significatives entre les dents de bébé décolorées et non décolorées sur les sites funéraires d'Atele. C'est-à-dire que les dents décolorées résultent d'un stress physique survenu tôt dans la vie, et non pas due aux conditions du milieu d'enfouissement.

Halcrow explique que les "découvertes, sur les dents, de stress précoce dans la vie sont des preuves pathologiques de maladies infectieuses et métaboliques, pour de nombreux enfants du site."

Ces défauts de l'émail que l'équipe a découvert peuvent-être liée à l'infection d'une maladie comme le pian, mais aussi à d'autres infections tropicales courantes comme l'ankylostome, ou de la sous-nutrition périodique, qui peuvent toutes avoir une incidence sur le métabolisme d'un enfant qui grandit et se traduire par un faible développement des dents et des os.

"Cet article" écrivent les chercheurs, "est le premier pas pour apporter une meilleure compréhension de l'histoire des vies de ces enfants et bébés au cours de la période des chefferies à Tonga, une période de renforcement de la hiérarchie et des interactions à travers les réseaux commerciaux."

Plus important, cependant, cette nouvelle étude représente une nouvelle façon d'étudier la santé des très jeunes enfants dans le passé. Les archéologues ont l'habitude d'examiner les dents des adultes pour trouver des traces de défauts dans l'émail. Comme les dents poussent en continue au cours de l'enfance, leurs défauts sont liés au stress que la personne a traversé pendant l'enfance.

 Mais qu'en est-il de ceux qui n'ont pas eu de petite enfance ?

"Avec les méthodes précédentes", précise Halcrow, "nous ne pouvions observer que les individus ayant survécu à leur petite enfance". Elle explique que cette nouvelle technique, qui identifie les défauts dans les dents précoces, "nous a permis d'identifier tout stress en début de vie concernant les enfants qui ont succombé à la maladie au cours de cette période d'instabilité politique et sociale."

L'équipe a jusqu'ici appliqué sa nouvelle méthode pour regarder le stress vécu par les personnes les plus vulnérables vivant dans ce puissant empire dans les îles du Pacifique. Ils prévoient cependant de mener d'autres recherches de ce type dans le futur.


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11.16.2008

Lapita Voyage: à la découverte des origines et des voies de migration des ancêtres des anciens Polynésiens et de leurs animaux


MAJ 30/07/16
Deux scientifiques de l'Université de Durham vont jouer un rôle clé au cours d'un voyage de 6000 km suivant la route migratoire d'anciennes cultures du Pacifique.

Les docteurs Keith Dobney et Greger Larson, tous deux du Département d'archéologie, navigueront dans deux bateaux traditionnels polynésiens pour tenter de retracer le véritable itinéraire de migration des anciens Austronesiens.

L'objectif du voyage est de rechercher l'origine des ancêtres des cultures polynésiennes, cependant, l'étude de la faune locale sera aussi à l'ordre du jour.

Le Dr Larson rejoindra l'expédition à la fin octobre 2008 à partir du sud des Philippines et le Dr Dobney se joindra à elle en Février 2009 avec un autre chercheur de l'Université, le professeur Atholl Anderson, lorsqu’ils quitteront le sud des îles Salomon en route vers le Pacifique.

Ils renforceront ainsi leurs propres travaux de recherche tout le long du chemin, en prélevant des centaines d'échantillons provenant d'animaux tels que des chiens, chats, poules, porcs... Cela afin de retracer l'origine de ces animaux de ferme que les anciens Polynésiens ont ramené avec eux à travers le Pacifique.

En sondant le brouillard génétique des espèces domestiques et commensales liées à la migration de l'homme, les travaux menés par les docteurs Dobney et Larson ont attiré l'attention des médias internationaux.

De récents travaux ont porté sur les origines et la dispersion des poulets domestiques et des porcs.

Le voyage, appelé "Lapita-Voyage", se composera de deux Polynésiens, deux scientifiques, un cameraman et les initiateurs James Wharram, Hanneke Boon (catamaran-designers) et Klaus Hympendahl (auteur et organisateur du projet).


À la fin du voyage les deux doubles canots seront présentés aux habitants des petites îles polynésiennes Tikopia et Anuta, en reconnaissance envers les navigateurs polynésiens à la source d'inspiration de leurs "catamarans modernes".

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7.21.2007

Le poulet domestique aurait été introduit sur le continent sud-américain par des navigateurs polynésiens

MAJ 30/07/16
D'après certaines théories, le poulet domestique (Gallus gallus) serait originaire du continent, pour d’autres il aurait été apporté par les colons européens. Cependant, si aucune preuve archéologique n’appuie la première hypothèse ; la seconde est mise à mal par les récits de l’Espagnol Pizarro qui, dès son arrivée au Pérou en 1532, observe que les poulets sont utilisés dans les rites incas.

Il reste une troisième hypothèse: que des navigateurs polynésiens l’aient apporté avec eux.

La domestication du poulet est en effet ancienne chez les populations du Pacifique. Des restes de Gallus gallus ont été trouvés sur des sites vieux de 3.000 ans à Vanuatu et à Tonga. Des simulations informatiques montrent qu’un voyage depuis les îles de Polynésie jusqu’à la côte sud-américaine était possible.

Ce sont donc quelques générations avant Christophe Colomb que les Polynésiens auraient mis le pied en Amérique du Sud; c'est ainsi une Amérique pré-colombienne beaucoup plus complexe qui se dévoile.

C’est la preuve de cette hypothèse que tente d'apporter Alice Storey, de l’Université d’Auckland, en Nouvelle-Zélande.

Ayant réussi à analyser le bagage génétique d’ossements de poulets du Chili datant des années 1300, soit avant l’occupation européenne, Alice Storey les a comparé avec des ossements de poulets provenant de cinq archipels polynésiens.


Le poulet domestique aurait été introduit sur le continent sud-américain par des navigateurs polynésiens

La datation au carbone des ossements trouvés dans la péninsule Arauco au centre-sud du Chili table sur une période de 1321 à 1407, soit bien avant que les Espagnols ou les Portugais ne débarquent en Amérique. L'analyse de l'ADN de certains des os a démontré qu'ils sont identiques aux os de poulets anciens trouvés aux îles Tonga et Samoa.

Cependant, en l'absence d’autres confirmations (la présence de la patate douce en Amérique du Sud est également un domaine de recherche), l’existence de quelques navigateurs polynésiens ne doit pas être perçue comme la preuve qu’il existait à l’époque un réseau d’échanges culturels dans cette région.

Sources: