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3.31.2020

Néandertal consommait tout autant de fruits de mer que l'Homo Sapiens

Nos proches cousins évolutifs mangeaient des crustacés, des crabes, des poissons et autres nourritures marines le long de la côte atlantique de l'Europe, rapportent l'archéologue João Zilhão de l'Université de Barcelone et ses collègues.

Les néandertaliens consommaient un menu varié de fruits de mer et terrestres lorsqu'ils occupaient la grotte de Figueira Brava, sur la côte portugaise, pendant de longues périodes il y a 106 000 à 86 000 ans.

Les fouilles sur le site montrent pour la première fois que les néandertaliens correspondent à l'Homo sapiens de l'âge de pierre dans leur capacité à exploiter les fruits de mer riches en acides gras améliorant le cerveau, rapportent les scientifiques dans la revue Science du 27 mars: Last Interglacial Iberian Neandertals as fisher-hunter-gatherers.

Néandertal, pionnier de l’exploitation des ressources marines
Ressources marines de Figueira Brava : A. patelles, B. palourdes, C. tourteaux, D. vertèbre de dauphin, E. vertèbre de requin © A-C M. Nabais, D Antunes et al. 2000, E. J. P. Ruas

Cette découverte s'ajoute à la thèse controversée selon laquelle les néandertaliens se livraient à divers comportements traditionnellement considérés comme étant caractéristiques uniquement d' Homo sapiens, tels que la création d'art rupestre et d'ornements personnels élaborés.

L'activité balnéaire constatée à Figueira Brava repose également sur les preuves préliminaires d'une collecte de coquillages par Néandertal sur la plage et dans les eaux peu profondes de la Méditerranée.

Auparavant, d'autres fouilles avaient suggéré que les néandertaliens ramassaient occasionnellement des mollusques et des animaux marins, chassés ou récupérés, il y a environ 110 000 ans.

Mais des épisodes répétés de Néandertal récoltant à Figueira Brava sur une période d'environ 20 000 ans indiquent une activité côtière aussi étendue que celle d'Homo sapiens qui a récolté des coquillages à Pinnacle Point en Afrique du Sud entre 164 000 et 120 000 ans.


Les néandertaliens, une ancienne variante d'Homo sapiens ?


La collecte intensive de mollusques et de crustacés nécessite le suivi des marées et des saisons, "certainement l'une des caractéristiques de l'adaptabilité comportementale des premiers néandertaliens [en Europe] et des humains modernes en Afrique du Sud", explique l'archéologue Katerina Douka de la science de l'histoire de l'homme de l'Institut Max Planck. Elle n'a pas participé à la nouvelle étude.  

Zilhão considère les néandertaliens comme une ancienne variante d'Homo sapiens qui s'est développée en Europe et en Asie, et non pas une espèce distincte comme ils sont souvent présentés. "Les premiers Homo sapiens d'Europe, des gens que nous avons connus sous le nom de Néandertaliens, exploitaient les ressources marines au moins aussi intensément, sinon plus intensément, que les Sud-Africains de l'âge de pierre vivant dans des habitats et des circonstances comparables," dit-il:

Figueira Brava se trouve sur une bande côtière longue de 20 kilomètres aux pieds d'Arrábida, une chaîne de montagnes à 30 kilomètres au sud de Lisbonne. C'est le seul endroit sur la côte atlantique européenne où les rivages actuels et les anciens rivages maintenant sous-marins sont à de courtes distances, dit Zilhão.

C'est donc ici que les néandertaliens auraient attrapé des fruits de mer et les auraient ramenés dans des grottes voisines telles que Figueira Brava, plutôt que de manger immédiatement ce qu'ils avaient attrapé avant de faire un long voyage vers l'intérieur des terres.


Les fouilles qui se sont étalées de 2010 à 2013 ont permis la mise au jour de restes de nourritures marines remontant à un époque où Néandertal vivait en Europe et où l'Homo sapiens n'était pas encore présent.


Des analyses chimiques des sédiments et formations minérales de Figueira Brava ont apporté un âge estimatif pour les activités de Néandertal.

Les éléments du menu comprenaient des moules, des patelles, des anguilles et même des requins, qui ont pu être capturés dans des eaux peu profondes ou piégés dans de grandes piscines rocheuses par les marées montantes. Les autres aliments consommés par les néandertaliens de Figueira Brava comprenaient des tortues, des phoques, des canards, des oies, des cerfs rouges, des chevaux, des bouquetins, des bovins sauvages maintenant disparus appelés aurochs et des pignons de pin.

De nombreux outils de pierre et des débris de fabrication d'outils ont aussi été trouvés. Des morceaux de bois brûlés enfouis dans les sédiments provenaient de feux allumés intentionnellement, probablement pour la cuisson, se réchauffer ou les deux.

Les découvertes à Figueira Brava remettent ainsi en cause les affirmations antérieures selon lesquelles les visites en bord de mer de Néandertal étaient rares et imprévues, explique l'écologiste évolutionniste Clive Finlayson du Gibraltar National Museum, qui ne faisait pas partie de l'équipe de fouilles. "Les Néandertaliens étaient tout simplement humains", ajoute-t-il, faisant écho à l'argument de Zilhão.

Mais l'archéologue Manuel Will de l'Université de Tübingen en Allemagne n'est pas d'accord: "La nouvelle étude réduit l'écart entre Homo sapiens et les néandertaliens, mais ne le ferme pas," écrit-il. Prenant en compte près de 60 sites côtiers occupés par les néandertaliens ou Homo sapiens il y a environ 300 000 à 40 000 ans, Homo sapiens a exploité plus intensivement les ressources côtières, dit Will. Par exemple, des perles de coquillage, un ornement exigeant à fabriquer, ont été principalement trouvées sur les sites d'Homo sapiens.

Mais les perles de coquillage ne sont pas des signes d'une consommation intensive de fruits de mer, répond Zilhão. La rivière Klasies, un site côtier d'Homo sapiens en Afrique du Sud qui est particulièrement riche en restes de coquillages, n'a pas donné une seule perle de coquillage, dit-il. Le point clé est que la densité et la diversité des fruits de mer des néandertaliens à Figueira Brava sont égales ou supérieures à celles des sites sud-africains d'Homo sapiens.


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9.28.2017

Deux anciennes églises portugaises mises au jour à Zanzibar

Une équipe d'archéologues de l'Université de Bristol et de l'Université de Zayed (Emirats arabes) a découvert les fondations de deux églises portugaises du 17ème siècle sur l'île de Zanzibar près des côtes de l'Afrique de l'Est.

Les portugais controlaient la côte est de l'Afrique entre 1500 et 1698. Les informations concernant les activités des missionnaires portugais dans cette région du monde sont limitées, et ces découvertes permettront de comprendre la longue période de conflit entre chrétiens et musulmans dans l'Océan Indien occidental au cours de cette période.

Les trouvailles ont été faites à l'intérieur d'un fort arabe du 18ème siècle situé au cœur du vieux quartier de "Stone town" dans Zanzibar. Ce fort, qui aujourd'hui est un centre culturel, contient à l'intérieur de ses murs des restes de plusieurs anciennes constructions.

Deux anciennes églisese portugaises mise au jour à Zanzibar
Le site de fouilles près du fort arabe. Photo: Professor Mark Horton 

Un espion portugais rapportait en 1710 que les arabes avaient construits un "fort ridiculement petit" en réutilisant les murs de l'église missionnaire portugaise.


Les archéologues ont localisé cette église qui remonte aux alentours de 1610 et qui fut fondée par une mission de moines augustins.


Un géoradar a donné aux archéologues une bonne idée de ses dimensions: environ 35m de long sur 16m de large, avec deux transepts.

Les documents portugais rappellent que la communauté chrétienne fut massacrée en 1651, dont le vicaire, Père Manoel de Nazareth, et la plus grande partie de l'église fut détruite.

Les chercheurs ont été surpris de trouver une seconde église plus petite, construite parmi les ruines de la première église et attenante à une construction datant de 1652 environ, lorsque l'île fut récupérée. Ce bâtiment fait seulement 20m sur 8m, et semble avoir été une simple grange.

La seconde église contient de nombreuses tombes chrétiennes sous son plancher, qui pourraient être des victimes du massacre ainsi que des chrétiens qui ont vécu plus tard à Zanzibar au XVIIe siècle.

Un des squelette découvert dans une tombe. Photo: Professor Mark Horton 

L'une des tombe est celle d'une femme, probablement une religieuse, avec un médaillon du Sacré-Cœur autour de son cou. Le Sacré-Cœur est devenu particulièrement populaire après 1675.

Une autre tombe contenait un crucifix en bronze, et au moins l'une des tombes contenait un squelette ayant des traces de blessures par balle de fusil.

Le crucifix et le sacré-cœur.Photo: Professor Mark Horton 

La communauté portugaise de Zanzibar s'est effondrée avec le meurtre du vicaire de Zanzibar, Manoel de Conceiçao en 1694. Le contrôle portugais de l'Afrique de l'Est s'est terminé avec la chute du fort Jesus à Monbasa prit par les arabes d'Oman en 1698.


Les ruines de l'église ont été récupérées pour bâtir un fort, qui fut le centre de l'expansion des arabes d'Oman vers les côtes de l'Afrique de l'Est depuis l'Arabie.


 Le professeur Mark Horton, du département d'archéologie et d'anthropologie de l'Université de Bristol a mené les recherches: "les fouilles montrent aussi que les portugais n'étaient pas les premiers à s'implanter dans cette partie de l'île. Sous le niveau des églises portugaises, il y avait plus de 2 mètres de dépôts archéologiques datant du 11ème au 16ème siècle."

Les historiens ont longtemps soutenu que le quartier "stone town" de Zanzibar n'était âgé que de 300 ans; ces nouvelles découvertes archéologiques montrent que son histoire remonte à un millier d'année.

Les recherches reprendront en 2018 afin de terminer les fouilles et dans le but de créer un musée et une zone archéologique sur le site.

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5.01.2014

Découverte de bains islamiques publics au Portugal

Des travaux de routine pour installer un système de récupération des eaux de pluie, dans le centre historique de Loulé, ont conduit à la découverte d'un des plus beaux exemples de complexe de bains islamiques publics dans toute la péninsule ibérique.


Bien que de nombreux bains islamiques ont été découverts par le passé, ce complexe est le plus complet. Ainsi, d'anciennes latrines et un hall d'entrée ont été trouvés.

Alexandra Pires, archéologue municipale, a expliqué que la découverte, unique au Portugal, pourrait être positive pour l'image de Loulé en terme de tourisme culturel.

Elle a de plus attiré l'attention de la communauté scientifique.

La conseil municipal a annoncé la création d'un musée autour des bains, en collaboration avec la société archéologique de Mértola (CAM). Mais en attendant le début des travaux, les restes vont à nouveau être recouverts et protégés des intrusions.

Alexandra Pires a expliqué que la plupart des bains qui ont été découverts sur la péninsule provenaient de palais royaux; le complexe de Loulé est différent car il était situé près des portes de la ville et avait été construit pour un usage public, en particulier pour les voyageurs.


Merci à Hugo pour l'information !

Article relu par Marion Juglin.

Source:
  • Portugal Resident: "Archaeologists discover Islamic public baths in Loulé"

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6.25.2012

Découverte du plus ancien artéfact juif dans la péninsule ibérique


Les archéologues de la Friedrich-Schiller-Universität Jena (Allemagne) ont constaté certaines des plus anciennes preuves archéologiques de la culture juive dans la péninsule ibérique sur un site de fouilles au sud du Portugal, à proximité de la ville de Silves (Algarve).

 (Credit: Photo: Dennis Graen/FSU)

Sur une plaque de marbre (photo ci-dessus), mesurant 40 par 60 centimètres, le nom de "Yehiel" peut y être lu, suivi d'autres lettres qui n'ont pas encore été déchiffrées. Les archéologues d'Iéna pensent qu'il pourrait s'agir d'une dalle funéraire.
Des cornes trouvées dans les décombres très près de la dalle funéraire ont permis de donner un indice sur la détermination de l'âge: "la matière organique des bois a pu être datée par analyse au radiocarbone avec certitude à environ 390 Après JC," rapporte le Dr Dennis Graen de l'Université d'Iéna et directeur des fouilles, "par conséquent, nous avons ce que l'on appelle un «terminus ante quem*» pour l'inscription, car elle a du être créée avant de se mêler avec les décombres et les bois."

Jusqu'ici, la première preuve archéologique d'habitants juifs dans la région de ce qui est aujourd'hui le Portugal était aussi une dalle funéraire avec une inscription en latin et l'image d'une menorah - un chandelier à sept branches - datant de 482 après JC.
Quant aux premières inscriptions connues en hébreu, elles dataient du 6ème ou 7ème siècle après JC.

Pendant trois ans, l'équipe de l'Université d'Iéna a fouillé une villa romaine au Portugal, découverte quelques années plus tôt par Jorge Correia, archéologue de Silves. Le projet visait à comprendre comment et de quoi vivaient les habitants de l'arrière-pays de la province romaine de Lusitanie.

Cette nouvelle découverte pose de nouvelles énigmes: "nous nous attendions réellement à une inscription en latin lorsque nous avons retourné la dalle funéraire," explique Henning Wabersich, un membre des rapports de fouilles. Après, aucune autre inscription n'a été trouvée jusqu'à présent et on ne sait rien sur l'identité des habitants de l'enceinte.
C'est seulement après de longues recherches que les archéologues ont découvert la langue utilisée, car l'inscription n'avait pas été tracée avec un soin particulier. "Alors que nous étions à la recherche d'experts qui pourraient aider à déchiffrer l'inscription entre Iéna et Jérusalem, l'indice crucial est venu d'Espagne" explique Dennis Graen, "Jordi Casanovas Miró du Museu Nacional d'Art de Catalunya à Barcelone, un expert bien connu pour les inscriptions en hébreu dans la péninsule ibérique, était sûr que l'on pouvait lire le nom juif "Yehiel ", un nom mentionné dans la Bible."


Ainsi, non seulement la date précoce est exceptionnelle, mais aussi le lieu de la découverte: jamais auparavant de découverte juive n'a été faite dans une villa romaine. 

Dans l'Empire romain les Juifs écrivaient normalement en latin, car ils craignaient des mesures répressives. L'hébreu, découvert sur la plaque de marbre, n'a été réutilisé qu'après le déclin de la suprématie romaine, vers le 6ème ou 7ème siècle.
"Nous avons été également très surpris de trouver des traces de Romains ( Lusitaniens romanisés dans ce cas) et de Juifs vivant ensemble dans une zone rurale", explique Dennis Graen, "nous avions supposé qu'une telle chose était beaucoup plus susceptible de se produire dans une ville."

Les informations concernant la population juive dans la région en général passaient la plupart du temps par l'écriture. "Au cours du conseil ecclésiastique dans la ville espagnole d'Elvira environ 300 règles de conduite entre juifs et chrétiens ont été émises, ce qui indique qu'à cette époque il devait y avoir déjà un nombre relativement important de Juifs dans la péninsule ibérique" ajoute Dennis Graen; mais les preuves archéologiques avaient disparu jusqu'à ce jour. "Nous savions qu'il y avait une communauté juive au Moyen Age, non loin de notre site de fouilles dans la ville de Silves. Elle existait jusqu'à l'expulsion des Juifs en 1497."

En été, les archéologues d'Iéna reprendront leur travail. Jusqu'à présent, ils ont creusé 160 mètres carrés de la villa, mais après avoir vérifié le sol, il est déjà devenu clair que la plus grande partie de l'enceinte est encore à découvrir. "

Source:

*Terminus ante quem: date avant laquelle l'évément s'est déroulé.