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5.07.2018

Les premiers américains et la théorie de la migration côtière

Jon Erlandson pense que c'est l'eau, et non pas la glace, qui a ouvert la porte aux premiers hommes qui sont venus s'installer dans les Amériques.

Erlandson, professeur à l'Université de l'Oregon, et autorité internationalement reconnue sur l'archéologie des cultures maritimes et côtières, est à l'avant-garde d'un changement radical dans la pensée entourant l'arrivée des premiers hommes qui se sont installés sur le continent.

Ce changement, et ce que cela implique pour les futures recherches, est le sujet de l'article "Finding the first Americans," paru dans la revue Science Magazine.

Les premiers américains et la théorie de la migration côtière
De récentes découvertes archéologiques montrent que les populations pré-Clovis sont arrivées dans les Amériques il y a plus de 13500 ans, probablement par une route côtière.

L'étude est co-écrite par Erlandson, Tom Dillehay de l'Université Vanderbilt, Richard Klein de l'Université de Stanford, Todd Braje de l'Université d'Etat de Californie à San Diego et Torben Rick de la Smithsonian Institution.

L'article ré-examine l'idée que les premiers américains étaient des chasseurs de gros gibiers arrivés il y a environ 13500 ans par une route terrestre de Sibérie, sur un pont terrestre aujourd'hui submergé dans le détroit de Béring.

Les chasseurs se seraient finalement dirigés vers les Grandes Plaines du sud par un corridor terrestre étroit qui s'est ouvert lorsque deux vastes étendues glaciaires canadiennes se sont retirées.

Appelée culture Clovis en raison d'une technologie d'outil distincte d'abord découverte sur un site près de Clovis dans le Nouveau Mexique, ces explorateurs, pendant de nombreuses décennies, ont été perçus comme les premiers à coloniser le Nouveau Monde.


La fin du modèle Clovis-first et le début de la "route du varech"


Mais les auteurs notent, qu'à la fin des années 1980 le modèle Clovis-first a commencé à s'éroder lorsque Dillehay a rapporté des découvertes du site Monte Verde sur la côte sud du Chili. Il y avait mis au jour des traces d'occupation humaines datant d'environ 14500 ans, soit un millier d'années avant l'apparition du peuple Clovis en Amérique du Nord. "Avec Monte Verde, le modèle Clovis-first a commencé à battre de l'aile. Aujourd'hui il est mort" ajoute Erlandson.

Erlandson, directeur exécutif au Museum d'Histoire Naturelle et Culturelle de l'Université de l'Oregon, est connu pour son hypothèse "la route du varech", qui s'inspire de ses années de recherche sur des sites des îles du Détroit de Californie et ailleurs le long de la côte du Pacifique.
Elle met en évidence que les premiers américains ont voyagé par l'eau de l'Asie du nord-est suivant  les écosystèmes de forêts de varech le long des côtes du Pacifique. "Les forêts de varech du Japon jusqu'à la Basse Californie auraient facilité la migration des peuples maritimes le long d'une route côtière de l'Asie vers les Amériques bien avant l'ouverture d'un couloir sans glace à l'intérieur de l'Amérique du Nord." dit-il.

Les peuples marins devaient aussi explorer et coloniser le long des principales rivières riches en saumon. Ces cours d'eau étaient autant de couloirs s'enfonçant profondément dans les terres nord-américaines et peuvent les avoir transportés dans les vastes zones humides du Grand Bassin du Nord, une région qui chevauche le sud-est de l'Oregon, le sud de l'Idaho et le nord du Nevada.

Dennis Jenkins, archéologue au Museum of Natural and Cultural History, a aidé à mettre l'Oregon et le Grand Bassin du Nord sur la carte pré-Clovis en 2002 lorsqu'il a découvert les excréments d'un homme vieux de 14000 ans, dans les grottes de Paisley dans le centre-sud de l'Oregon.

Ces coprolithes restent à ce jour les plus anciens restes d'humains en Amérique du Nord. "Paisley a comblé une lacune importante dans la théorie de la migration côtière et a fait de l'Oregon le centre de l'étude des premiers Américains," dit Erlandson.

Mais même si les chercheurs se concentrent de plus en plus sur la migration côtière comme scénario probable pour le peuplement des Amériques, Erlandson et ses co-auteurs notent que le renversement du vieux paradigme de Clovis-first a créé un vide.

Cela a amené certaines revendications alternatives extraordinaires, dont celles d'une étude publiée l'année dernière dans la revue Nature l'année dernière qui prétend avoir découvert des traces d'occupation humaines vieille de 130000 ans sur le site de Cerutti Mastodon dans le sud de la Californie. "Les implications que suggéreraient un site archéologique nord-américain de cet âge seraient stupéfiantes," rapporte Erlandson, "car ces revendications sont en désaccord total avec les preuves archéologiques, paléoécologiques et génétiques à ce jour."

En plus d'un aperçu des idées passées et actuelles sur le peuplement des Amériques, l'article de Science apporte une perspective sur les directions clés des futures recherches.


Repérer les sites paléo-côtiers submergés


"Le principal défi auquel nous sommes confrontés pour tester l'hypothèse de la route du varech, est que la plupart des preuves d'occupation pré-Clovis des côtes sont aujourd'hui submergées par l'océan" ajoute Erlandson, "et plus ces occupations ont pu être anciennes, plus il faut s'éloigner des rivages actuels pour en trouver les traces."

Ce qu'il faut maintenant, notent les auteurs, c'est une étude de terrain interdisciplinaire axée sur la localisation de sites archéologiques submergés. "Si les preuves existent, c'est là que nous les trouverons" dit-il.

Erlandson travaille actuellement sur un projet du Bureau de gestion de l'énergie offshore qui  implique des partenaires tribaux, des géologues, des biologistes et des archéologues de plusieurs universités dans le but de cartographier des sections du fond marin au large des côtes de la Californie et de l'Oregon.

Le projet consiste à reconstruire des paysages submergés en utilisant des sites archéologiques terrestres comme modèles. "Ces sites paléo-côtiers sont souvent associés à des caractéristiques géographiques telles que des grottes, des sources, des affleurements de pierres à outils et des surplombs naturels avec des vues stratégiques. Nous recherchons des reliefs similaires sous l'eau." ajoute Erlandson, "c'est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Nous essayons de rendre l'aiguille plus grosse et la botte de foin plus petite."


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5.25.2017

Out of Europe ? L'homme serait originaire d'Europe et non d'Afrique

L'histoire de l'évolution de l'homme pourrait bien être réécrite... en effet des scientifiques auraient découvert que l'Europe est le berceau de l'humanité, et non l'Afrique.

À l'heure actuelle, la plupart des experts estiment que notre lignée humaine s'est séparée des singes il y a environ sept millions d'années en Afrique centrale, où les hominidés sont restés pendant cinq millions d'années avant de s'aventurer plus loin.

Out of Europe ? L'homme serait originaire d'Europe et non d'Afrique
Vue d'artiste de Graecopithecus. Credit: National Museum of Natural History - Sofia, Assen Ignatov 

Cependant, deux fossiles d'une créature semblable à un singe qui avait des dents humaines ont été trouvés en Bulgarie et en Grèce, ils datent de 7.2 millions d'années.

La découverte de la créature, appelée Graecopithecus freybergi, et surnommée "el Graeco" par les scientifiques, prouve que nos ancêtres commençaient déjà à évoluer en Europe 200 000 ans avant le premier hominidé africain.

Une équipe internationale de chercheurs rapporte que les découvertes changent entièrement le commencement de l'histoire de l'homme et replace le dernier ancêtre commun, à la fois des chimpanzés et des hommes (le fameux chainon manquant), dans la région méditerranéenne.


À cette époque, le changement climatique transformait l'est de l'Europe en pleine savane ce qui a forcé les singes à trouver de nouvelles ressources, déclenchant, selon les chercheurs, un changement vers la bipédie.

"Cette étude change les idées liées à la connaissance sur l'époque et le lieu des premiers pas de l'humanité" estime le professeur Nikolai Spassov de l'Académie Bulgare des Sciences, "Graecopithecus n'est pas un singe. Il fait partie de la branche des hominidés et est l'ancêtre direct d'homo".
La dent de Graecopithecus Credit: University of Tubingen 

La mâchoire de Graecopithecus Credit: University of Tubingen 

La nourriture de Graecopithecus  était liée à la végétation de savane plutôt sèche et dure, contrairement à celui des derniers grands singes qui vivent dans les forêts. Par conséquent, comme les hommes, il a des molaires larges et un émail épais. Dans une certaine mesure, il s'agit d'un lien manquant nouvellement découvert.

Le visage d'El Graeco ressemble probablement à un grand singe, avec des canines plus courtes.

L'équipe a analysé les deux spécimens découverts de Graecopithecus freybergi: une mâchoire inférieure trouvée en Grèce et une dent prémolaire supérieure provenant de Bulgarie.

A l'aide de la tomographie, ils ont pu visualiser les structures internes des fossiles et voir que les racines de la prémolaire avaient largement fusionné. "Alors que les grands singes ont typiquement deux ou trois racines séparées et divergentes, les racines de Graecopithecus convergent et sont partiellement fusionnées, une caractéristique propre à l'homme moderne, aux anciens hommes et plusieurs pré-humains", rapporte la chercheuse principale le Professeur Madelaine Böhmede de l'Université de Tübingen.

La mâchoire inférieure a d'autres caractéristiques suggérant que l'espèce était un hominidé. Elle se trouve être plus ancienne de plusieurs milliers d'années que le plus ancien hominidé africain, Sahelanthropus tchadensis qui fut découvert au Tchad.

"Nous avons été surpris par nos résultats, étant donné que les pré-humains n'étaient connus qu'en Afrique subsaharienne," ajoute le doctorant Jochen Fuss, qui a mené cette partie de l'étude.

D'après le professeur David Begun, paléoanthropologue à l'Université de Toronto et co-auteur de cette étude, "Cette datation nous permet de déplacer la séparation homme-chimpanzé dans la région méditerranéenne".

Au cours de cette période la mer méditerranée a traversé de fréquentes périodes d’assèchement, formant un pont entre l'Europe et l'Afrique et permettant aux singes et anciens hominidés de circuler entre les continents. L'équipe pense que l'évolution des hominidés a pu être causée par des changements environnementaux importants qui ont déclenché la formation du Sahara de l'Afrique du Nord, il y a plus de sept millions d'années, ce qui poussa l'espèce plus au nord. Ils ont trouvé un grand nombre de couches de sable du Sahara remontant à cette période, ce qui suggère qu'il était situé beaucoup plus au nord qu'actuellement.

Selon le professeur Böhm: "nos découvertes pourraient changer nos idées concernant l'origine de l'humanité. Personnellement, je ne pense pas que les descendants de Graecopithecusont ont disparu, ils ont dû se disperser plus tard en Afrique. La séparation des chimpanzés et des hommes ne s'est faite qu'une fois. Nos données supportent l'idée que la séparation s'est produite dans l'est de la méditerranée, et non en Afrique. Si elle est acceptée, cette théorie modifiera le début même de l'histoire humaine".

Cependant, des experts se montrent sceptiques sur ces découvertes. Pour l'auteur et anthropologue retraité, le Dr Peter Andrews, qui fut au Musée d'Histoire Naturelle à Londres: "il est possible que la  lignée humaine soit originaire d'Europe, mais d'importantes preuves fossiles placent l'origine en Afrique, dont plusieurs squelettes partiels et crânes. J'hésiterais à utiliser une seule caractéristique d'un fossile isolé pour lutter contre les preuves venant d'Afrique."

Cette nouvelle étude a été publiée dans le journal PLOS One: Potential hominin affinities of Graecopithecus from the Late Miocene of Europe



Relecture par Digitarium.fr
Merci à Audric pour l'info !

Source:

Plus d'informations sur cette découverte:

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5.08.2016

Une cité Maya aurait été découverte par un jeune québecois à partir de sa théorie des constellations

Mise à jour03/05/17
William Gadoury, un adolescent québecois aurait découvert une nouvelle cité Maya dans le Yucatan.

Partant de l'hypothèse que les villes mayas se positionnaient en fonction des constellations, il a analysé 22 d'entre elles (décrites dans le Codex Tro-Cortesianus ou Codex de Madrid) et a pu y faire correspondre 117 cités mayas.

Une cité Maya aurait été découverte par un jeune québecois à partir de sa théorie des constellations
William Gadoury, auteur de la théorie et de la découverte. Photo Le Journal de Montréal, Martin Chevalier

C'est en étudiant une 23ème constellation de trois étoiles qu'il s'est aperçu que seulement deux villes mayas correspondaient.

Gadoury a donc analysé des images satellites pour déterminer la position d'une 118ème cité maya: K’ÀAK’ CHI’ ("Bouche de feu"). Le Dr Armand Larocque, géographe à l'université de Brunswick et spécialiste en télédétection a pu confirmer que l'on distinguait une pyramide et une trentaine de bâtiments: "l’utilisation d’images satellites, ainsi que l’apport du traitement d’images numériques ont permis de faire ressortir ces structures et de confirmer leur possible existence".


Structure identifiée par le Le Dr Armand Larocque


Il reste maintenant à aller voir sur place pour confirmer cette découverte. Sa théorie, si elle est confirmée, pourrait en outre apporter un éclairage nouveau sur la civilisation Maya.

Merci à Audric pour cette info !
Source:

Mise à jour du 20/05/16: voici une actualisation des articles au sujet de cette affaire dans l'ordre Chronologique

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4.06.2016

Les forêts nourricières: clés du succès de la civilisation Maya

Cela fait des années que l'archéologue Anabel Ford soutient que les anciens mayas savaient très bien gérer l'environnement de leur forêt tropicale à leur avantage. Ils arrivaient à nourrir d'importantes populations même après la période où de nombreux archéologues ont suggéré le déclin Maya au cours des 8ème et 9ème siècle après JC.

Un jardin forestier Maya. Courtesy BRASS/El Pilar

Elle remet en question les théories populaires, longtemps soutenues par de nombreux scientifiques, selon lesquelles les mayas ont commencé à décliner en raison de la surpopulation et de la déforestation pour augmenter la production agricole, aggravant ainsi la sécheresse et le changement climatique.

"A l'époque, il n'y avait pas de déforestation extensive" affirme Ford. Son raisonnement repose sur des années de recherches sur les anciennes pratiques de culture de "jardins forestiers", une méthode d'agroforesterie durable utilisant la technique agricole "Milpa". Il s'agit d'un paysage biodiversifié et polycultivé, dominé par les arbres, et géré par de petits agriculteurs dispersés. Ils emploient des cycles naturels et maximisent l'utilité de la flore et faune native.

Ses racines remontent avant l'apparition de la période Maya Préclassique, et cela fonctionnait en transformant une zone d'une forêt canopée en un champ ouvert. Une fois nettoyé, il était dominé par des cultures annuelles, transformant l'endroit en un jardin verger entretenu; puis retour à une forêt à canopée fermée, et le circuit recommence. "Contrairement aux systèmes agricoles européens qui se sont développés à peu près à la même période, ces champs n'étaient jamais laissés à l'abandon, même lorsqu'ils étaient boisés" explique Ford, "Ainsi, il y avait une rotation de plantes annuelles succédant à des étapes de vivaces forestiers que l'homme gérait avec attention tout au long de ces phases".

Elle explique le processus et ses implications en détail dans son livre, Maya Forest Garden: Eight Millennia of Sustainable Cultivation of the Tropical Woodlands, co-écrit avec Ronald Nig, professeur au Centro Investigaciones y Estudios Superiores en Antropología Social (CIESAS) au Chiapas, Mexique.

Le livre résume des années de recherche évaluant des données archéologiques, paléoenvironnementales, agricoles, botaniques, écologiques et ethnographiques au Guatemala, Mexique et Belize. Elle se penche aussi sur le grand centre Maya d'El Pilar (voir à ce sujet: Les archéologues découvrent une mystérieuse citadelle Maya)

"La recherche écologique, agricole et botanique sur la forêt Maya démontre que c'est en fait un jardin bariolé dominé par des plantes à valeur économique, et donc fortement dépendantes des interactions humaines" ajoute Ford. Ainsi, "la co-création, des mayas et de leur environnement forestier, était basé sur une stratégie de gestion des ressources donnant ce que l'on appelle le jardin-forêt Maya".

Le cycle de Milpa, depuis les champs de maïs aux plantes vivaces puis retour à la forêt. Courtesy BRASS/El Pilar

De plus, Ford souligne que le cycle Milpa est à l'origine de la forêt qui est une création et un "monument" du peuple Maya. "La forêt Maya, que l'on pensait être une jungle vierge et sauvage, est en réalité le résultat des activités humaines préhistoriques, coloniales et récentes" écrivent Ford et Nigh dans leur livre.


En d'autres mots, la gestion et mise en forme des éléments du paysage forestier, avec le cycle de Milpa, en un environnement humain, a été bénéfique en termes de nourriture, d'abris, de plantes médicinales et autres besoins pour une population ne cessant d'augmenter. Les mayas sont devenus les créateurs de leur environnement tropical, et de la jungle elle-même.

Plus important encore, en raison de ses techniques durables et de renouvellement, le cycle de Milpa est devenu la clé de la longévité de la civilisation Maya longtemps après "l'effondrement" de la période Classique.

Ford et Nigh concluent: "Lorsque les crises politiques frappèrent la société Maya au cours de la période Classique, la population s'est en grande partie retirée dans les jardins forestiers, abandonnant les grands centres et leurs élites".


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