6.06.2015

Un immense bassin Romain découvert à Rome

Des archéologues italiens ont mis au jour le plus grand bassin Romain jamais trouvé, en plein cœur de Rome.

Découvert à 20 mètres de la basilique Saint-Jean-de-Latran, lors de travaux pour le nouveau métro, l'immense bassin mesure 35 mètres sur 70 mètres. "C'est tellement grand que cela va au-delà du périmètre de la zone de travaux consacrée au métro" rapporte Rossella Rea, directrice des fouilles.


Le bassin découvert lors de la construction de la ligne C du métro.  Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

Rea, qui dirige une équipe d'archéologues entièrement féminine, a noté que le bassin avait été doublé avec du plâtre hydraulique et qu'il s'étend probablement au-delà du site vers les anciens murs de la ville.

"D'après la taille que nous avons pu déterminer jusqu'à présent, il pouvait contenir plus de 4 millions de litres d'eau" ajoute Rea.

Dans cette reconstruction numérique, la taille du bassin est impressionnante. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

Ce bassin massif faisait partie d'une ferme datant du troisième siècle avant JC.
Au premier siècle après JC, le bassin a été ajouté à des structures existantes, comme des roues à aubes, utilisées pour distribuer l'eau dans des canaux. "Il est fort probable qu'il servait de réservoir d'eau pour l'agriculture et en même temps pour faire face aux débordements occasionnels de la rivière à proximité" suppose Rea

 Une route menant à la ferme. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

 L'emplacement exact où se trouvait une roue à aubes. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

 Les amphores recyclées en conduite d'eau. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

Elle pense que le bassin s'étendait vers l'autre ligne de métro actuellement existante (ligne A), bien qu'une grande partie de la structure ait certainement été détruite.

Les fouilles, menées par les archéologues Francesca Montella et Simona Morretta, ont aussi révélé divers objets liés à l'agriculture, comme une fourche en fer à trois branches et des restes de paniers de stockage faits en branches de saule tressées.

 La fourche qui a été découverte. Soprintendenza speciale per i beni archeologici di Roma

Des amphores alignées, avec leurs fonds coupés, avaient été recyclées en conduites d'eau.
Des tuiles usagées avaient aussi été utilisées pour faire les canaux. Des initiales encerclées, "TL", étaient inscrites dessus; cela indique que la ferme appartenait à un seul propriétaire.

Des noyaux de pêche montrent que la plante vedette cultivée était le pêcher, importé du Moyen Orient.

La ferme a été arrêtée à la fin du premier siècle après JC, et ses structures, comprenant le bassin, avaient été démolies et enterrées.

Certaines des découvertes seront exposées dans la station de métro St John et d'autres artéfacts iront dans les musées de la ville.

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6.04.2015

Une ancienne technique sibérienne de chirurgie du cerveau recréée par des scientifiques

Des scientifiques ont révélé les détails sur les techniques de chirurgie du cerveau utilisées par les anciens sibériens il y a 2300 ans.

Des neurochirurgiens ont travaillé avec des anthropologues et archéologues l'année dernière suite à la découverte de trous dans les crânes de trois ensembles de restes humains dans les montagnes de l'Altaï.

Vue générale des traces de trépanation sur le crâne mâle Bike-III. Photo: Aleksei Krivoshapkin

Ces caractéristiques suggèrent que ce sont des exemples de trépanation, la plus ancienne forme de neurochirurgie. On suppose que les anciens nomades avaient appris ces techniques délicates dans d'anciens centres médicaux, ou bien les ont découvertes en même temps que d'éminents médecins en Grèce et au Moyen Orient.

Après une série de tests pour récréer ces anciennes techniques de chirurgie, les experts en ont appris d'avantage sur la méthode et ont finalement compris comment ces anciens médecins effectuaient leur travail.

Parmi les découvertes faites par l'Institut d'Archéologie et d'Ethnographie dans la branche sibérienne de l'Académie des Sciences Russe, il apparait que les chirurgiens étaient très habiles dans les opérations menées avec un seul outil primitif de curetage sur le crâne.

De plus, il était clair que les anciens médecins adhéraient au Corpus hippocratique.

D'après Aleksei Krivoshapkin, chirurgien de Novosibirsk qui a examiné les crânes: "Honnêtement, je suis impressionné. Nous pensons maintenant qu'à l'époque d'Hippocrate, les habitants de l'Altaï étaient capables de faire un diagnostic précis et de mener des trépanations et autres chirurgies du cerveau."

Les crânes appartenaient à deux hommes et une femme et ont été trouvés dans les montagnes de l'AltaÏ. Ils remontent de 2300 à 2500 ans.

 Vue générale des traces de trépanation sur le crâne mâle Kyzyl-Dzar-5. Photo: Aleksei Krivoshapkin

Leur analyse, l'année dernière, a montré que l'un des hommes, âgé de 40 à 45 ans, avait souffert d'un traumatisme crânien et avait développé un caillot de sang qui devait lui donner des maux de tête, des nausées et des problèmes de coordination de ses mouvements.

On suppose que la trépanation avait été faite pour enlever l'hématome. Le fait que les os aient continué à grandir indique que l'homme avait survécu à l'opération et vécu des années après celle-ci.

Le deuxième homme n'avait pas de traces visibles de traumatisme , mais il semblait avoir une déformation crânienne congénitale que les anciens chirurgiens avaient essayé de guérir.

Dans les deux cas, un trou relativement petit a été fait dans le crâne pour permettre aux chirurgiens d'accéder au cerveau à partir d'une zone où les dommages aux articulations et à la membrane étaient minimisés

Et, alors que la technique et les instruments utilisés ont pu varier de ceux recommandés dans la Grèce antique, il est clair que l'attention portée au patient et la localisation du trou montraient des considérations éthiques similaires.


Les restes ont d'abord été analysés au microscope à l'Institut d'Archéologie et d'Ethnographie afin de trouver des marques indiquant qu'il y avait eu une opération chirurgicale. Aucune trace de la façon dont les médecins avaient enlevé la peau n'a été trouvée, et, d'après le bon état de préservation des crânes, on peut supposer que cela avait été fait avec une grande précision.

Ils ont découvert que la trépanation avait été faite en deux étapes. Tout d'abord, un outil tranchant a été utilisé pour enlever la première couche à la surface de l'os, délicatement, sans perforer le crâne. Ensuite avec des mouvements brefs et répétés, un trou a été découpé dans le crâne.

D'après le Professeur Krivoshapkin: "les trois trépanations ont été effectuées par curetage. D'après les traces sur la surface des crânes étudiés, on peut voir la séquence d'action des chirurgiens pendant les opérations. On voit clairement que les anciens chirurgiens étaient très précis et sûrs de leurs gestes, car il n'y a aucune trace de "dérapage"."

Les archéologues n'ont pas encore mis au jour d'outils médicaux spécifiques, mais, dans presque toutes les tombes de cette époque, selon le statut social, des couteaux en bronze ont été trouvés. 

L'examen des crânes a montré qu'un seul outil a été utilisé et l'on suppose qu'il puisse s'agir d'un couteau en bronze. Le professeur Krivoshapkin a essayé d'utiliser une lame typique de la culture Tagar, empruntée au musée de Minusinsk, sur un crâne, mais cela s'est révélé inadapté à la chirurgie.

Une réplique d'un couteau en bronze de l'époque a été faite avec des éléments modernes par l'archéologue Andrei Borodovsky, docteur des sciences historiques à l'Institut: "j'ai choisi un alliage de laiton en cuivre, étain et zinc après l'échec avec le couteau de Tagarsky, qui s'était révélé trop mou pour une chirurgie de ce type. La lame a parfaitement tournoyé. Notre copie moderne en alliage de laiton a parfaitement fonctionné. Je pense qu'il est important de se rappeler qu'ici, au 5ème siècle avant JC, l'Altaï était un grand centre de production de découpe d'ossements. Les gens étaient très habiles dans la fabrication d'objets en os d'animaux. En travaillant les os d'animaux, ils ont compris les bases pour le travail d'un tel matériau, et plus tard, cela les a aidé à réaliser des opérations de chirurgie complexes."

La réplique du couteau faite par Andrey Borodovsky. Photo: Andrey Borodovsky, Tatyana Chikisheva

L'étape finale de la recherche consistait à recréer la procédure chirurgicale sur un crâne moderne.
En copiant les mêmes techniques supposées avoir été utilisées par les chirurgiens de l'Altaï, le professeur Krivoshapkin a mis 28 minutes à réaliser la tâche.

Bien qu'il ait dit que cela demande "un effort considérable", le trou dans le crâne était parfaitement ressemblant à ceux des anciens patients.

 Crâne moderne après "l'opération" menée par Alexei Krivoshapkin en copiant les anciennes techniques. Photo: Alexei Krivoshapkin

Il reste cependant une dernière question non résolue pour les scientifiques: quel anesthésique ou analgésique utilisaient les médecins ?
Certains supposent que c'était du cannabis... mais on ne le saura jamais.

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6.01.2015

Le mystère s'épaissit sur une pierre tombale romaine découverte en début d'année en Angleterre


Une nouvelle étude a révélé qu'il n'y avait aucun lien entre une pierre tombale romaine découverte en début d'année en Angleterre et le squelette reposant en-dessous.

La pierre gravée a été découverte lors des travaux de construction d'un parking à Cirencester.

L'inscription latine commémorant la mort d'une femme âgée de 27 ans.  Credit: Cotswold Archaeology

Faite (an) en calcaire provenant de Cotswold, elle avait été trouvée couchée sur sa face avant sur une tombe, au-dessus d'un squelette adulte.

Lorsqu'elle a été retournée, la pierre couleur miel portait de fines décorations et cinq lignes écrites en latin: "D.M. BODICACIA CONIUNX VIXIT ANNO S XXVII". Cela pourrait signifier: "Aux ombres du monde souterrain, Bodicacia, épouse, a vécu 27 ans".

La découverte avait été qualifiée d'unique étant donné que ce serait la seule pierre tombale de la Grande-Bretagne Romaine à désigner la personne se trouvant en-dessous. Cependant, alors que la dédicace de la pierre tombale concerne une femme, le squelette en-dessous était celui d'un homme.

De plus, la pierre tombale et le squelette appartiennent à deux époques différentes: la pierre gravée date du 2ème siècle après JC, alors que l'individu a été enterré au 4ème siècle après JC.

"Nous pensons que la pierre tombale a été réutilisée, peut-être comme couvercle de tombe, 200 ans après sa première pose," explique Ed McSloy, spécialiste des découvertes archéologiques de Costwold.

Martin Henig et Roger Tomlin, d'éminents experts en sculpture et inscriptions romaines à l'université d'Oxford, notent que l'arrière de la pierre est très grossièrement travaillé, quasiment non terminé, ce qui contraste fortement avec l'avant finement sculpté.


A qui appartient la tombe, cela reste un mystère...

"En lisant les lettres, l'interprétation la plus plausible du nom est Bodicacia, un nom celte inconnu auparavant" ajoute McSloy. En effet, le nom apparait être une variante du nom celte avec la même racine, Boudicca. C'était une reine rebelle Iceni (ou Icène), une tribu brittonique qui a tenté en vain de vaincre les romains.

Le fronton (la portion triangulaire décorée en haut de la pierre) montre le dieu Romain Oceanus. Personnification divine de la mer dans le monde classique, Oceanus était représenté avec une longue moustache, une longue chevelure stylisée et des pinces de crabe au-dessus de la tête.

Cette image, d'après McSloy, est aussi inconnue jusqu'ici dans la sculpture funéraire.

Il est fort probable que Bodicacia ait été privée de sa pierre tombale au 4ème siècle, lorsque la pierre fut ensevelie dans une tombe. A cette même époque, ou avant, Oceanus avait été oublié.

La pierre tombale doit être exposée, de façon permanente, au musée Corinium de Cirencester.

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5.28.2015

Découverte du système hydraulique d'une mine d'or Romaine en Espagne

Las Médulas dans la province de León, au nord-ouest de l'Espagne, est la plus grande mine d'or à ciel ouvert de l'Empire Romain. La recherche de ce métal s'est étendue sur plusieurs kilomètres jusque dans le sud-est de la vallée de la rivière Eria.

Vue panoramique de Las Médulas. Image: Rafael Ibáñez Fernández - Wikimedia CC BY-SA 3.0

Grâce à un LiDAR (télédétection par laser) aéroporté, les anciens travaux miniers de la région et le complexe hydraulique, utilisés par les Romains au 1er siècle avant JC pour extraire l'or, ont été découverts.

Les caractéristiques identifiées comprennent des canaux, des réservoirs et une double rivière de dérivation.  "Le volume de terre exploité est bien plus grand que ce que l'on pensait auparavant et les travaux effectués sont impressionnants, comme les captures de la rivière. Cette vallée est très importante dans le contexte de l'exploitation minière Romaine au nord-est de la Péninsule Ibérique" explique Javier Fernández Lozano, géologue à l'université de Salamanque, et co-auteur de l'étude publiée dans le Journal of Archaeological Science.


Des technologies copiées sur l'Egypte.

Les spécialistes considèrent que les systèmes pour le transport et le stockage de l'eau ont été copiés sur ceux existant déjà au nord de l'Afrique, où les Egyptiens les utilisaient depuis des siècles.

Certains détails dans la méthodologie utilisée apparaissent dans les textes comme ceux de Pline l'Ancien, alors Procurateur Romain en charge de la supervision de l'exploitation minière en Hispanie.

"Nous avons établi que le travail qui entrait dans l'extraction de la ressource jusqu'à son épuisement était si intense qu'après avoir extrait l'or des sédiments, les opérations continuaient jusqu'à atteindre les rochers avec les veines de quartz aurifères en-dessous" ajoute Fernández Lozano.

Le chercheur souligne que le véritable découvreur a été la technologie LiDAR: "contrairement à la traditionnelle photographie aérienne, ce système de détection laser aéroporté permet de visualiser les restes sous la végétation ou dans les zones intensément labourées".

Depuis un avion ou un drone, le LiDAR est doté d'un capteur laser qui scanne le sol avec des références géographiques fournies par les stations terrestres GPS. Les données obtenues sont représentées pas un nuage de points, qui est traité avec un logiciel pour construire un modèle cartographique où les formes sont identifiées, comme les réservoirs ou les canaux.

Les anciennes mines d'or dans la vallée de la rivière Eria, avec les canaux et les réservoirs pour l'exploitation. A gauche, le modèle généré à partir des données LiDAR permet de localiser les structures sur des photos aériennes, à droite. Image; J. Fernández Lozano et al

Cette technologie a été développée par la Nasa dans les années 60 afin d'analyser le retrait des glaces dans l’Arctique et la composition des océans. Depuis, son usage s'est étendu à la topographie,  la cartographie cadastrale, la géologie et l'archéologie.

 Selon les auteurs, l'étude de l'exploitation minière Romaine dans la vallée Eria est le premier exemple de "géo-archéologie" mené avec un LiDAR en Espagne.

"Nous pensons à continuer de travailler avec cette technique afin d'en apprendre plus sur l'exploitation de minerai dans l'Empire Romain et éclaircir ses mystères comme la raison pour laquelle les Romains ont abandonné une ressource aussi précieuse que l'or" conclu le chercheur.

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5.26.2015

Les anciens travailleurs égyptiens bénéficiaient d'une protection santé

Les anciens travailleurs égyptiens, d'un village appelé aujourd'hui Deir el-Médineh, bénéficiaient de ce que l'égyptologue Anne Austin de Stanford appelle "le plus ancien document gouvernemental de plan de protection de santé".

Les artisans qui bâtissaient les tombes royales des pharaons égyptiens le long du Nil, depuis la ville moderne de Louxor, travaillaient dans des conditions exténuantes, mais ils pouvaient prendre un jour de congé maladie payé ou se rendre dans une "clinique" pour un bilan de santé gratuit.

Anne Austin, chercheur postdoctoral à Stanford, examine les restes de squelette d'un ancien égyptien trouvés dans les sites funéraires de Deir el-Médineh. Image courtesy of Anne Austin

Depuis des décennies, les égyptologues ont trouvé des preuves de ces prestations de soins de santé dans les documents écrits bien préservée du site. Austin, cependant, spécialiste en ostéo-archéologie, a mené la première étude détaillée des restes humains du site.

Elle a comparé les artéfacts textuels de Deir el-Médineh avec les éléments physiques de santé ou de maladie afin de créer une nouvelle image plus compréhensible de la façon dont vivaient les travailleurs égyptiens.

Dans les restes de squelettes qu'elle a trouvés dans les cimetières du village, elle a vu des "preuves pour des soins de santé subventionné par l'État parmi ces travailleurs, mais aussi le stress professionnel important induit par la pression de ce même Etat".

Le travail quotidien et les paiements enregistrés confirment les éléments physiques: les hommes de Deir el-Médineh bénéficiaient d'une protection de santé unique et complète, mais parfois ne pouvaient en profiter.
Par exemple, Austin a vu sur une momie des traces d'ostéomyélite, une inflammation de l'os due à une infection hématogène: l'homme avait manifestement travaillé avec cette infection ravageant son corps. "Les restes suggèrent qu'il avait dû travailler pendant le développement de l'infection" dit-elle, "alors qu'il aurait dû s'arrêter, pour une raison quelconque, il a continué".

Les travailleurs étaient payés pendant leur congé maladie, d'après ce que nous apprennent les données manuscrites, mais ils "ressentaient une pression les faisant travailler malgré la maladie, peut-être pour remplir des obligations tacites à l'état à qui ils devaient tant. Plus j'en apprends sur l'Egypte, plus je pense que l'ancienne société égyptienne était similaire à la société américaine actuelle" ajoute Austin, "Des choses que nous considérons comme des créations de la société moderne, comme la protection de santé ou les grèves, sont aussi visibles dans ce passé reculé".


Les indices dans les os

Deir el-Médineh se trouve à une heure d'ascension à travers la montagne surplombant la Vallée des Rois. Elle abritait principalement des travailleurs au cours des 19ème et 20ème dynasties (1292-1077 avant l'Ere Commune). Son apogée est postérieure à l'occupant le plus célèbre de la vallée, Toutankhamon, mais contemporaine du pharaon qui était probablement le plus grand d'Egypte: Ramsès II et sa longue lignée de successeurs.

Les travailleurs qualifiés de Deir el-Médineh avaient des connaissances considérables en ingénierie et un niveau inhabituel d'alphabétisation. Ils ont laissé des milliers de documents écrits: des factures, des lettres personnelles, des plaintes et des prières sur des tessons d'argile, des éclats de pierre et des morceaux de papyrus.

Les sites funéraires de Deir el-Médineh ont été fouillés de 1922 à 1951 par l'égyptologue français, Bernard Bruyère, mais la science de l'ostéologie n'en était qu'à ses débuts, et Bruyère a laissé de nombreux corps non étudiés dans leurs tombes.

Austin a visité ces tombes en 2012 pour un mémoire de recherche, et trouva les corps "entassés avec des chauves-souris, des rats et des momies".  Beaucoup de ces momies n'étaient plus que des squelettes, permettant à Austin de voir nettement l'état de santé de ces gens comme le témoignaient leurs ossements. Sur beaucoup de corps, elle a vu des traces de stress dues à une ascension pénible (aujourd'hui ce sont encore mille marches en pierre) entre Deir el-Médineh et la Vallée des Rois, puis ils devaient ensuite faire le chemin retour.

Elle a découvert que le niveau d'arthrite dans les genoux et les chevilles des hommes de Deir el-Médineh était significativement plus élevé que pour les populations de travailleurs dans d'autres cimetières égyptiens.

 Les ossements ont également révélé des indices corroborant d'autres découvertes de spécialistes: les égyptiens gravement handicapés étaient bien soignés.  "J'ai trouvé les restes d'un homme qui est mort à l'âge de 19 ou 20 ans et qui était né sans l'usage de sa jambe droite, probablement à cause de la polio ou d'un autre trouble neuromusculaire" rapporte-t-elle, "pour travailler dans les tombes royales, ce qui était le seul but du village, il fallait pouvoir grimper". En examinant le squelette du jeune homme elle n'a pas vu de "signes d'autres problèmes de santé, ou d'une vie difficile. Cela suggère, d'après moi, qu'ils lui ont trouvé un rôle dans la communauté, même si la tâche prédominante, travailler dans les tombes, n'était pas possible pour lui".

 Faisant référence à d'anciennes idées, le travail de recherche d'Austin sur l'histoire des soins de santé dans la société invite à une plus grande discussion sur la façon dont les anciens peuples percevaient la santé et la maladie, ainsi que le lien entre la richesse et la responsabilité sociale.

"Une femme appelée Naunakhte avait huit enfants" ajoute Austin, "dans son testament, elle a réprimandé et déshérité quatre d'entre eux pour l'avoir négligée au cours de sa vieillesse. A Deir el-Médineh, il y avait deux réseaux de soin de santé. Il y avait un réseau professionnel, subventionné par l'État, qui pouvait ainsi obtenir ce qu'il voulait (une belle tombe pour le roi);  et en parallèle, il y avait un réseau privé, constitué de familles et amis. Et ce réseau prenait soin de ses membres, par crainte d'une honte publique, comme un déshéritage ou un divorce."

Austin a trouvé les idées égyptiennes sur la santé particulièrement convaincantes et fructueuses pour un débat, car, pense-t-elle, leurs idées sur la maladie ressemblaient beaucoup aux nôtres.

 Alors que les grecs croyaient que la maladie découlait d'un déséquilibre des fluides corporels, "les égyptiens pensaient à une sorte de contamination de l'organisme. Pour aller mieux, au lieu de se rééquilibrer, il fallait purger le contaminant."

Par exemple, un docteur, dans le Papyrus Edwin Smith, traite un patient avec une plaie ouverte sur un bras cassé en plaçant des coquilles d’œufs d'autruche broyées dans la plaie et en prononçant "Repousse l'ennemi qui est dans la plaie; chasse le mal qui est dans le sang".  
"Ceci est très similaire à la théorie des germes moderne" dit Austin, "cela montre une prise de conscience de la maladie comme étant externe."

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5.21.2015

Un puits à degrès harappéen vieux de 5000 ans découvert en Inde

Un puits à degrés vieux de 5000 ans a été découvert dans l'une des plus grande cité Harappéenne: Dholavira, dans l'état du Gujarat en Inde. Ce puits est trois fois plus grand que le "Grand Bain" de Mohenjo Daro.

Le puits à degrés découvert lors des fouilles à Dholavira.

Localisé à l'est du réservoir de Dholarvira par les experts de l'Archaeological Survey of India, travaillant avec l'Indian Institute of Technology de Gandhinagar, le site représente le plus grand et le mieux approvisionné des anciens réservoirs découvertes jusqu'ici dans le pays. Il est rectangulaire et fait 76.4m de long sur 29.3m de large et 10m de profondeur.

Un autre site, Rani-ki-Vav ou puits à degrés de la Reine, dans la ville de Patan, est déjà sur la liste de l'Unesco.

"Il est au moins trois fois plus grand que le Grand Bain de Mohenjo Daro qui mesure 12m de long sur 7m de large avec 2.4m de profondeur" rapporte V N Prabhakar, professeur invité à l'IITde Gandhinagar, "nous allons mener des analyses dans plusieurs endroits car des études ont indiqué que d'autres réservoirs et puits à degrés pourraient être enterrés à Dholavira. Nous suspectons aussi qu'un immense lac et d'anciens rivages sont enfouis dans le site qui est l'un des cinq plus grands sites archéologiques Harappéens et le plus important site archéologique en Inde appartenant à la civilisation de la Vallée de Indus."

Les experts étudierons l'ingénierie hydraulique avancée utilisée par les Harappéens pour construire le puits à degrés. Ils utiliserons pour cela un scanner laser 3D, la télédétection et un radar à pénétration de sol.

"Nous étudierons comment l'eau s'écoulait dans le puits et pour quelles raisons l'eau était ainsi conservée" ajoute Prabhakar

D'autres réservoirs vont aussi être étudiés, ainsi que des pots en grès, des blocs de briques, des chambres d'assainissement et des pierres semi-précieuses.
Les pierres précieuse,s comme la cornaline, étaient très demandées à l'époque Harappéenne. Le Gujarat était la plaque tournante des industries manufacturières de perles et d'artisanat.

"Les perles d'agate cornaline étaient aussi convoitées" d'après Prabhakar.

Siddharth Rai et V Vinod de l'IIT travaillent sur la caractérisation des structures internes de différentes formes de poteries trouvées sur le site afin d'identifier le régime alimentaire des Harappéens. "A travers la typologie des poteries, nous découvrirons si différentes communautés vivaient à Dholavira" explique Rai.

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5.18.2015

Un immense temple découvert à Gebel Silsileh en Egypte

MAJ 12/01/17
Les restes du temple perdu de Kheni ont été mis au jour à Gebel Silsileh, au nord d'Assouan.

Avec les fondations du temple, ces ruines sont les premières des rares restes de Kheni, ou Khenou, ancien nom égyptien de Gebel Silsileh signifiant "le lieu où l'on rame".

Un immense temple découvert à Gebel Silsileh en Egypte
 Source:  Gebel el Silsila Survey Project

Le site, situé sur les deux rives du Nil, entre Edfou et Kôm Ombo, était une carrière très utilisée depuis le Nouvel Empire jusqu'à la période Romaine. "Nous savons que de grandes quantités de grès pour la construction des temples ont été extraites ici" rapporte Maria Nilsson, archéologue de L'université Lund et Directrice du Gebel el Silsila Survey Project.

En effet, pratiquement tous les grands temples d'Egypte, dont ceux de Karnak et Louxor, ont été construits avec du grès provenant de Gebel Silsileh.

"Ces découvertes changent l'histoire du site, et cela montre que Gebel Silsileh n'était pas seulement une carrière, mais aussi un lieu sacré" ajoute-t-elle.

  Source:  Gebel el Silsila Survey Project

Alors que les activités de culte du site étaient principalement associées au Nil et ses inondations, le dieu principal était Sobek, le dieu des crocodiles qui contrôlait les eaux. "Pour le moment, nous ne savons pas à qui le temple était dédié" ajoute Nilsson, "nous pensons qu'il marquait le commencement des carrières de la rive est. Nous espérons que d'avantage de fouilles archéologiques et de recherches nous permettrons d'en savoir plus".

Nilsson, et le directeur adjoint John Ward, travaillent à Gebel Silsileh depuis 2012, et ont mis au jour des cartouches d'Amenhotep III et Ramses II ainsi que des centaines d'inscriptions sur des roches.

Les restes du temple avaient été notés entre 1906 et 1925, et décrits comme un temple Ramesside détruit, sur une carte publiée par l'égyptologue allemand Ludwig Borchardt en 1934. Puis le temple a été oublié.
Nilsson et John Ward ont localisé les restes en étudiant la carte rudimentaire de Borchardt ainsi qu'un plan non publié, dessiné par l'égyptologue Peter Lacovara, conservateur au musée M.C. Carlos à l'Université Emory.

Les fondations  mesurent environ 35 mètres sur 15 mètres. Les maçonneries comprennent quatre niveaux de plancher décorés visibles, des bases de colonnes, et des murs extérieurs et intérieurs.

Les marques visibles sur le sol révèlent 5 bases de colonnes sur le côté ouest de la construction, deux fragments de blocs de grès sont peints et montrent une étoile  et le ciel égyptien; cela indique que le plafond du temple était probablement étoilé.

  Source:  Gebel el Silsila Survey Project

D'après Nilsson et Ward, les restes révèlent au moins quatre périodes chronologiques, couvrant environ 1500 ans, depuis les règnes de Thoutmosis/Hatshepsout, Amenhotep III, Ramsès II jusqu'à la période Romaine.

"La plus ancienne phase de construction du temple a été faite en calcaire, ce qui est unique dans une carrière de grès, et pourrait signifier un changement officiel de la construction en calcaire vers une construction en grès." suppose Nilsson.

Les archéologues ont mis au jour des centaines de pierres de construction peintes et décorées, et plus de 300 fragments de calcaire décorés avec une iconographie caractéristique de la période de Thoutmosis (1500-1450 avant JC)

Un texte hiéroglyphique mentionne le nom du site: Kheni. "Les scènes sur les pierres en calcaire ont été détruites au cours de l'antiquité pour être réutilisées comme pierre de remplissage pour des fondations et comme cailloux dans une phase de construction pus tardive. Une pierre calcaire carrée décorée était encore intacte." ajoute Nilsson.

 Parmi 300 fragments de hauts et bas reliefs peints, il y avait les cartouches de deux dirigeants: Amenhotep III et Ramsès II.

Une quatrième période chronologique a été identifiée, révélant une activité Ptolémaïque tardive et Romaine ancienne.

Dans la zone du temple, les archéologues ont aussi trouvés des perles de la 18ème Dynastie, de l'enduit coloré, des morceaux de faïences, des milliers de fragments de pots, et un scarabée coloré en bleu et datant probablement de la 2ème Période Intermédiaire.

D'après les archéologues, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre le rôle et l'importance de ce temple.

"Nous espérons continuer le travail archéologique sur le site, d'autant plus que son état de conservation est faible et nécessite une documentation immédiate avant qu'il ne soit trop tard," rapporte Nilsson.

Sources:

Mise à jour 12/01/2017: une nouvelle découverte de la mission archéologique: