8.13.2016

Des vestiges royaux découverts à Tintagel, lieu de naissance du Roi Arthur selon la légende

Les archéologues sont en train d'investir une mystérieuse implantation côtière, dont ils pensent qu'elle aurait pu être la maison de la royauté britannique post-romaine, à Tintagel dans les Cornouailles, lieu de naissance, selon la légende, du Roi Arthur.

Les chercheurs espèrent découvrir si Tintagel était le site d'une implantation marchande ou d'un centre en plein essor politique entre le 5ème et 7ème siècle, à la fin du règne Romain en Angleterre. Credit: Emily Whitfield-Wicks/English Heritage

Des centaines de morceaux de poterie, que n'utilisaient que des personnes de statut élevé, et du verre ont été trouvés sur le site, situé sur la côte sud-ouest de l'Angleterre. Les chercheurs rapportent que le promontoire aurait été occupé du 5ème au 7ème siècle, probablement par les rois de Domnonée, un royaume britannique natif de l'ouest de l'Angleterre au cours du Haut Moyen Âge après la fin du règne romain.

"C'est la période que nous avons coutumes d'appeler l'Âge des Ténèbres, mais nous évitons désormais ce terme" rapporte le directeur du projet Win Scutt, "mais si nous devions l'appeler l'Âge des Ténèbres, alors ce serait la partie la plus sombre".

Scutt, conservateur régional pour l'English Heritage, rapporte que plus de 200 pièces de poterie importées de Méditerranée et de verre raffiné ont été trouvées au cours des dernières fouilles sur le site qui ont duré plus de trois semaines en juillet et août.

Ces récentes découvertes suggèrent que le site fut à un moment donné une implantation de haut rang liée au commerce avec la région de l'est de la Méditerranée, à cette époque, siège de l'Empire Byzantin ou  Empire Romain d'Orient.

Les trouvailles comprennent aussi des tessons de poterie au vernis rouge grésé dans un style identifiée comme "Phocaean red-slip ware" (céramique sigillée phocéenne) provenant de ce qui est aujourd'hui l'ouest de la Turquie.

 Morceau de verre trouvé sur le site. Photo Credit: Emily Whitfield-Wicks / Courtesy English Heritage

Morceau de céramique sigillée phocéenne provenant de l'ouest de la Turquie. Photo Credit: Emily Whitfield-Wicks / Courtesy English Heritage

Les archéologues ont aussi découvert de grandes jarres de stockage provenant de la région Méditerranéenne, des amphores, qui ont contenu de l'huile d'olive ou du vin.

Bien que quelques tessons d'amphore méditerranéenne et de verre aient été trouvés sur d'autres sites du Haut Moyen Âge dans le Royaume-Uni, ces artéfacts n'ont rien de comparable avec l'abondance de trouvailles faite à Tintagel lors des dernières fouilles, ainsi qu'au cours des précédentes dans les années 1990 et 1930.

Ceci suggère que les habitants du site n'étaient pas de simples importateurs de biens étrangers onéreux, mais ils en étaient aussi des consommateurs. A une époque où le règne romain s'est effondré dans presque toute l'Europe de l'Ouest, "curieusement, cet endroit unique en Angleterre semble avoir eu des contacts étroits avec le monde byzantin et l'est de la Méditerranée" ajoute Scutt.


"Le lieu de naissance d'Arthur"

Dans les légendes anglaises, Tintagel est le lieu où naquit Arthur, le légendaire roi britannique qui aurait combattu l'invasion des saxons dans les siècles qui ont suivi la fin du règne romain.

Selon l'histoire écrite au 12ème siècle par l'évêque et historien anglo-normand Geoffrey de Monmouth, le père d'Arthur, Uther Pendragon, séduisit la mère d'Arthur, Igraine; il s'était alors magiquement déguisé en son mari, le duc de Tintagel.

Plus tard, une autre tradition explique que le futur Roi Arthur aurait vécu à Tintagel lorsqu'il était enfant. Geoffrey de Monmouth mentionna aussi Tintagel comme étant plus tard la maison du cousin d'Arthur, de la famille d'Igraine, le Roi Marc'h de Cornouailles. Il fut le mari de la princesse irlandaise Iseult, et l'oncle vengeur de son amoureux, Tristan, chevalier cornouaillais de la Table Ronde du Roi Arthur.

Bien qu'aucun élément historique n'a été trouvé pour prouver l'existence du Roi Arthur, certains historiens supposent que le tempérament du Roi Marc'h de Cornouailles pourrait dériver de Conomor, l'un des rois de Domnonée au 6ème siècle, ou bien d'un roi cornouaillais plus tardif nommé dans les écrits gallois roi de Castellmarch (March ap Meirchion)

En 1998, une pierre gravée du nom britannique post-romain "Artognou" fut découverte par les archéologues à Tintagel; cela déclencha une vague de spéculation se référant à la légende arthurienne.

Mais Scutt rappelle que le consensus qui prévaut parmi les archéologues est que cette inscription, sur la Pierre d'Artognou, fait référence à une autre personne, malgré la similarité entre les deux noms.

Les croyances populaires qui ont fait de l'actuel château de Tintagel le lieu de naissance du légendaire Roi Arthur, se sont renforcées après la découverte de la Pierre gravée d'Artognou en 1998.


Creuser pour remonter le temps.

Les récentes fouilles à Tintagel  sont la première étape d'une étude étalée sur 5 ans, menée par l'English Heritage et le Cornwall Archaeological Unit.

Scutt explique que le but principal du projet est d'établir une datation définitive du site et de déterminer la fonction de certaines des cent structures enterrées un peu partout sur le promontoire de Tintagel.

Les scientifiques s'accordent sur le fait que les structures enfouies à Tintagel sont certainement les restes d'un centre royal ayant un lien avec le Royaume de Domnonée, ajoute Scutt, mais jusqu'à présent, il n'y a pas eu de datation précise effectuée sur le site.

Il reste encore une "possibilité extérieure" que certaines des constructions enterrées soient les restes d'un monastère médiéval tardif, voire même des cabanes pour les constructeurs du château du 13ème siècle qui se tient aujourd'hui sur le promontoire de Tintagel.

Et bien que les chercheurs soient convaincus que la plupart des bâtiments du site datent du 5ème au 7ème siècle, un lien direct avec la royauté britannique de l'époque reste à prouver. "Il y a plein d'autres possibilités, ce pourrait être un site marchand basé peut-être sur l'export de minéraux cornouaillais, comme l'étain, le plomb et l'argent" continue Scutt, "nous pouvons dire que c'est de haut rang et que des gens riches vivaient ici, mais cela ne correspond pas nécessairement à un pouvoir politique, cela pourrait être un site purement mercantile."

Merci à @VirginieTour et @yanou9c pour l'info !
Relecture par Marion Juglin
Sources:

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8.11.2016

Un tunnel pour l'eau découvert sous le tombeau de Pakal à Palenque

MAJ 14/09/17
Il y a tout juste un an, une rivière souterraine était découverte sous la pyramide de Kukulkan à Chichen Itza, cette année, les archéologues ont découvert un tunnel souterrain pour l'eau sous le Temple des Inscriptions sur le site Maya de Palenque. Le temple contient le tombeau d'un ancien dirigeant appelé Pakal.

Un tunnel pour l'eau découvert sous le tombeau de Pakal à Palenque
Le Temple des Inscriptions. Zone archéologique de Palenque. Photo: INAH.

L'archéologue Arnoldo Gonzalez estime que la tombe et la pyramide ont été construites volontairement au-dessus d'une source entre 683 et 702 après JC. Le tunnel amène l'eau depuis le dessous de la chambre funéraire jusqu'à l'extérieur sur une vaste esplanade en face du temple, traçant ainsi un chemin vers l'inframonde pour l'esprit de Pakal.

Le tunnel, qui fait partie d'un ensemble de canaux, est ainsi relié à un autre; il est en pierre et fait environ 60cm de largeur et de hauteur.

Selon le directeur de l'archéologie de l'INAH (Institut National d'Anthropologie et d'Histoire), Pedro Sanchez Nava, la théorie est logique à la lumière des autres peuples pré-hispaniques, comme ceux qui vivaient à Teotihuacán, près de Mexico, et où un autre tunnel d'eau a été trouvé:  "Dans les deux cas, il y avait un courant d'eau présent. L'eau a un sens allégorique, où le cycle de la vie commence et se termine".

Les fouilles avaient commencé en 2012, lorsque les chercheurs constatèrent des anomalies souterraines révélées par le géo-radar, sous la zone en face de la pyramide à degrés.

Un tunnel pour l'eau découvert sous le tombeau de Pakal à Palenque
Aperçu du canal au pied de la pyramide. Photo: INAH

Craignant un trou ou une faille géologique qui pourrait déstabiliser la pyramide ou causer son effondrement, ils ont creusé l'endroit et découvert trois couches de pierres soigneusement aménagées couvrant le haut du tunnel.

Selon Gonzalez, le même type de pierres sur trois couches a été trouvé dans le sol du tombeau de Pakal, à l'intérieur de la pyramide. Il n'y a pas de puits ni de connexion entre la tombe et le tunnel, mais le conduit n'a pas encore été complètement exploré car il est trop petit pour pouvoir y ramper.

L'intérieur du canal. Photo: INAH

Francisco Estrada-Belli, professeur adjoint d'archéologie à l'Université de Boston, non impliqué dans les fouilles, écrit ainsi: "Je pense que construire une tombe au-dessus d'un canal à certainement un rapport avec la croyance que l'eau et les masses d'eau étaient des portes vers l'inframonde. Plusieurs exemples de temples (et de tombes associées) sont connus pour être bâtis au-dessus de grottes naturelles qui ont pu contenir de l'eau".

Schéma montrant l'agencement du canal. INAH

Relecture par Marion Juglin

Voici d'autres articles proposant plus de détails sur cette découverte:

Source:
  • The Tribune: "Mexico finds water tunnel under Pakal tomb in Palenque"

Derniers articles sur les Mayas:

8.09.2016

Une technique agricole d'Afrique de l'Ouest vieille de 700 ans serait climato-intelligente

Une technique de culture pratiquée depuis des siècles par des villageois en Afrique de l'Ouest, qui permet de convertir le sol de la forêt tropicale pauvre en éléments nutritifs en terre agricole fertile, pourrait être une réponse au changement climatique et révolutionner l'agriculture en Afrique.

Les populations d'Afrique de l'Ouest ont transformé les terres tropicales pauvres en nutriments en sols fertiles pendant des siècles...(Photo: Victoria Frausin, Université du Sussex)

Une étude globale, mené par l'Université du Sussex, incluant des anthropologues et des spécialistes du sol (pédologues), des universités  de Cornell, du Ghana, d'Aarhus et de l'Institut des Etudes de Développement, a pour la première fois identifié et analysé les sols fertiles au Liberia et Ghana.

Ils ont découvert que cette ancienne méthode d'Afrique de l'Ouest, où l'on ajoute du charbon de bois et des déchets de cuisine aux sols tropicaux fortement altérés et pauvres en éléments nutritifs, permet de transformer le paysage en sols noirs riches en carbone et durablement fertiles que les chercheurs ont surnommé "Terres Sombres Africaines".

Suite à l'analyse de 150 sites dans le nord-ouest du Libéria et 27 au Ghana, les chercheurs ont découvert que ces sols très fertiles contenaient 200 à 300% de carbone organique en plus que les autres sols, et qu'ils étaient capables de supporter une agriculture beaucoup plus intensive.

Terres sombres au Libéria, sur presque deux mètres de profondeur; tout en bas, on perçoit le sol d'origine. (Photo: Université du Sussex)

Selon le professeur James Fairhead, de l'Université du Sussex, initiateur de l'étude: "Imiter cette ancienne méthode pourrait transformer la vie de milliers de gens vivant dans ces régions d'Afrique parmi les plus pauvres et les plus touchées par la faim."

Plus de travaux doivent être faits, mais cette pratique agricole simple et efficace pourrait être une réponse aux grands défis mondiaux comme le développement des systèmes agricoles climato-intelligents afin de nourrir des populations en augmentation et pour s'adapter au changement climatique.

Comparaison entre le sol fertile et non fertile. Photo credit: Victoria Frauisn, University of Sussex.

Des sols similaires créés par les peuples amazoniens à l'époque pré-colombienne ont récemment été découverts en Amérique du Sud; mais les techniques que les gens ont utilisées pour créer ces sols restent inconnues. En outre, les activités qui ont conduit à la création de ces sols anthropogéniques ont été fortement perturbées après la conquête européenne.

Les chercheurs de l'étude en Afrique de l'Ouest ont, quant à eux, pu vivre dans les communautés alors qu'elles créaient ces sols fertiles. Cela a permis à l'équipe d'apprendre ces techniques utilisées par les femmes des communautés autochtones disposant des cendres, des os et autres déchets organiques pour créer ces Terres Sombres Africaines.

D'après le Dr Dawit Solomon, auteur principal de l'Université de Cornell: "Ce qui n'est pas surprenant c'est qu'aussi bien en Afrique qu'en Amazonie, ces communautés autochtones, bien qu'éloignées par la distance et dans le temps, ont été en mesure de réaliser quelque chose que les pratiques de gestion agricole modernes n'ont pu réussir jusqu'à présent.
La découverte de cette pratique de gestion du sol indigène climato-intelligente tombe au bon moment. Cette stratégie précieuse pour améliorer la fertilité des sols, tout en contribuant à atténuer les changements climatiques en Afrique, pourrait devenir une composante importante de la stratégie globale de gestion agricole climato-intelligente pour assurer la sécurité alimentaire."

L'étude, financée par l'Economic and Social Research Council et portant le titre "Indigenous African soil enrichment as a climate-smart sustainable agriculture alternative" a été publiée dans le journal Frontiers in Ecology and Environment.

Relecture par Marion Juglin

Source:

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8.03.2016

Les archéologues découvrent les traces du palais mythique de Kublai Khan de la Dynastie Yuan

Après la chute de la Dynastie Kubilai Khan, aucun indice n'a permis de dire où avait vécu l'empereur si ce n'est une légende rapportée dans les écrits du marchand vénitien du 13ème siècle, Marco Polo.

Si l'on en croit ce dernier, les murs du "plus grand palais qu'il n'y a jamais eu" étaient couverts d'or et d'argent et la salle principale était si grande qu'elle pouvait facilement contenir 6000 personnes pour dîner. "Le palais était fait de roseaux portés par 200 cordes en soie, et il pouvait facilement être transporté en morceaux lorsque l'empereur voyageait" écrit-il dans son carnet de voyage. C'était une vision de grandeur mais le palais a disparu, apparemment sans laisser de trace.

Wang Guangyao, directeur adjoint de l'Institut d'Archéologie du Musée du Palais, sur le site de fouille. Photo: Simon Song

La Dynastie Yuan a duré moins d'un siècle, couvrant les années 1279 à 1368, et l'on pense que la capitale de l'empire était Beijing. Mais au cours des siècles qui ont suivi, une question travaille les historiens et archéologues en Chine: où était précisément le palais de la dynastie ?

Aujourd'hui, des experts du Palais Ancien, dans la Cité Interdite à Pékin, pensent avoir certaines réponses grâce à des indices sur lesquels ils sont tombés au cours de la réfection du système électrique souterrain du site et des systèmes d'extinction d'incendie.

D'après les données historiques, le palais Yuan à Beijing fut abandonné par le dernier empereur, Toghon Temür, qui fut renversé par les troupes rebelles qui ont établi la Dynastie Ming au 14ème siècle.

Certains experts pensent que le palais fut rasé par les soldats Ming lorsqu'ils reprirent la cité, tandis que d'autres pensent que les bâtiments ont été enlevés par les travailleurs Ming sur le site de ce qui allait devenir la Cité Interdite.

Les fondations de la tentaculaire Cité Interdite ont été commencées en 1406 et les constructions ont duré 14 ans. Ce fut le palais impérial des dirigeants Ming puis de la Dynastie Qing jusqu'en 1912.

Le complexe a été construit couche par couche, mais les chercheurs tamisant les sables ont dit avoir découvert des preuves qu'au moins une partie du palais Yuan était sous le site.

Les chercheurs de l'Institut d'Archéologie du Musée ont trouvé de la terre battue épaisse de 3 mètres et les décombres de fondations enterrées sous les couches des constructions des dynastie Ming et Qing.
Les fondations Yuan contiennent des graves de dynasties encore plus anciennes. Photo: Simon Song

Le directeur adjoint de l'institut, Wang Guangyao, rapporte que les fondations mises au jour dans la partie centre-ouest du palais étaient dans le même style que celles découvertes dans la ville de Zhangjiakou, dans les ruines de Zhongdu, l'une des quatre capitales de la Dynastie Yuan.

Certains des décombres dans la récente découverte des fondations Yuan remontent encore plus loin jusqu'aux dynasties Liao (907-1125) et Jin (1115-1234).

D'après Wang, des fondations d'une telle épaisseur sont rares dans les constructions Yuan et ont pu servir de support à une salle palatiale.

De plus, la découverte prouve que le palais Yuan a été construit sur le même site que le palais Ming. "Au final, nous savons maintenant que le palais n'a pas été construit ailleurs mais bien ici" ajoute Wang, "D'un point de vue historique, cela nous montre que l"histoire architecturale a continué sans interruption depuis les Yuan jusqu'aux dynasties Ming et Qing."

La découverte a aussi ravivé le débat concernant l'Axe Central de Beijing, une bande longue de 7.8km qui va de la Porte Yongding jusqu'aux tours du Tambour et de la Cloche et qui comprend la Cité Interdite, le Temple du Ciel et Zhongnanhai, siège du gouvernement .

De nombreux chinois pensent que cet axe était le "squelette sacré" de la cité depuis la dynastie Ming; mais d'autres estiment qu'il remonte plus loin au milieu du 13ème siècle.

Wang dit qu'il est trop tôt pour conclure si les Yuan, Ming et Quin ont bâti le long du même axe: "en tant qu'archéologue, nous ne pouvons que décrire ce que nous avons trouvé. Mais cela nous donne une direction pour des explorations futures".

Il précise que les fouilles n'ont pas été faciles dans l'un des sites culturels les plus important du pays et qu'il reste encore des travaux à faire: "même si nous pensons qu'un certain site est important pour des découvertes archéologiques, nous ne pouvons pas creuser le sol comme ça car c'est interdit. Tout ce que nous pouvons faire c'est rassembler le plus d'éléments possible jusqu'à ce que nous puissions plus tard, probablement dans une génération ou deux, terminer le travail sur ces places; nous pourrons alors rassembler toutes les découvertes pour voir si elles sont liées."

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8.01.2016

Xunantunich: découverte du plus grand tombeau maya du Belize

La tombe d'un dirigeant maya exceptionnellement bien préservée a été découverte au Belize. Trouvée sur le site archéologique de Xunantunic, la chambre funéraire est la plus grande et la plus élaborée jusqu'ici au Belize.

Temple Maya à.Xunantunich. Photo:WPA Pool /Getty Images

Les mayas étaient au sommet de leur puissance au sixième siècle après JC. Cependant, il reste des mystères sur ce qui a causé la fin de cette grande civilisation. La plupart des cités en pierre mayas ont été abandonnées en 900 après JC et jusqu'à présent les archéologues n'ont pu expliquer avec certitude la disparition de cette culture riche et puissante.

Des travaux archéologiques avancés ont commencé il y a des dizaines d'années au Belize, mais ce n'est que récemment que de grandes découvertes ont conduit les archéologues à considérer le pays comme le centre de la civilisation maya.

Le projet Belize Valley Archaeological Reconnaissance (BVAR) dirigé par l'archéologue Jaime Awe, de la Northern Arizona University, cherche à étudier les restes de la culture maya dans le pays. Cela inclus les travaux de fouille à Xunantunich, ses palais et ses temples, pour mieux comprendre la fin de l'apogée de cette grande ville maya.

La découverte de la tombe royale à l'intérieur d'un grand tertre, au centre du site, fait partie de ces recherches en cours sur le passé maya du Belize.

 Le tertre où a été trouvé la tombe. Photo: The San Pedro Sun

Un squelette avec des restes d'animaux

La découverte est d'autant plus remarquable que le site fait l'objet de fouilles depuis les années 1890 ! Mais personne n'avait trouvé la chambre funéraire jusqu'ici.

Awe a expliqué que la tombe, qui est profonde de 5 à 8 mètres, est la première découverte à Xunantunich et la plus grande du Belize. La taille de la structure suggère que les gens devaient probablement vénérer la personne inhumée.

Les archéologues ont découvert le squelette reposant au fond de la tombe. L'analyse des ossements suggère que les restes appartiennent à un homme en raison de la grande taille des fémurs. Les dents semblent indiquer qu'il avait entre 20 et 30 ans lorsqu'il est mort.

Il a été enterré avec des perles de jade et des poteries ainsi qu'avec des restes d'animaux (probablement de jaguar ou de cerf).

Tous ces éléments, ainsi que la taille de la tombe, indiquent que l'homme avait un statut très important et était probablement un seigneur local.

Les archéologues espèrent que cette découverte permettra d'améliorer la compréhension de la culture maya, comment elle s'est établie au Belize et comment étaient menés les rites funéraires.

Ils prévoient maintenant d'analyser les écritures hiéroglyphiques mayas découvertes sur des stèles près de la tombe. Ils espèrent obtenir des indices sur l'identité du squelette.


Source:

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Des chercheurs découvrent comment était fabriquée la corde il y a 40000 ans

MAJ 25/08/17
Le Professeur Nicholas Conard et des membres de son équipe ont présenté dans un article leur récente découverte: un outil utilisé pour faire de la corde.

Des chercheurs découvrent comment était fabriquée la corde il y a 40000 ans
Outil à fabriquer de la corde, en ivoire de mammouth, trouvé dans la grotte de Hohle Fels. Photo: University of Tübingen

La corde et la ficelle étaient des composantes cruciales dans la technologie des chasseurs cueilleurs.

Dans certains cas rarissimes des impressions de ficelle ont été trouvés dans de l'argile cuite et dans de rares occasion la ficelle était représentée dans l'art de l'âge glaciaire. Mais dans l'ensemble on ne sait rien de la ficelle, de la corde et des textiles au paléolithique.

C'est donc une découverte clé qui a été faite par l'équipe du professeur Conard dans la grotte de Hohle Fels dans le sud-ouest de l'Allemagne. Elle a été testée par le Dr Veerle Rots et son équipe de l'Université de Liège.

La trouvaille est une pièce en ivoire de mammouth soigneusement travaillée et bien conservée; elle fait 20.4cm de long et comprend quatre trous large de 7 à 9 mm. Chaque trou est bordée de profondes incisions en spirale.

Cela démontre que ces entailles élaborées sont des caractéristiques technologiques d'un équipement de fabrication de corde plutôt que de simples décorations.

De similaires découvertes dans le passé avaient été interprétées comme des redresseurs de flèche, de l'art décoratif ou même des instruments de musique.

Vue rapprochée d'un des trous de l'outil à faire de la corde. Photo: Copyright University of Tübingen

Grâce à l'état de préservation exceptionnel de l'artéfact et de tests rigoureux de l'équipe à Liège, les chercheurs ont pu démontrer que l'outil était utilisé pour fabriquer de la corde avec des fibres de plantes disponibles près de Hohle. "Cet outil répond à la question sur la façon dont la corde était fabriquée au Paléolithique" ajoute Veerle Rots, "une question qui travaille les scientifiques depuis des décennies".

L'outil à fabriquer de la corde a été découvert près des dépôts aurignaciens du site. Comme les célèbres figurines de femme et les flutes retrouvées sur le même site de Hohle Fels, l'outil date d'environ 40000 ans, à l'époque où les hommes modernes arrivaient en Europe.

La découverte souligne l'importance de la technologie des fibres et de l'importance de la corde et de la ficelle pour les chasseurs cueilleurs essayant de faire face aux défis de la vie à l'âge de glace.

L'équipe du professeur Conard fouille la grotte depuis 20 ans, et cet engagement à long terme a maintes fois payé; Hohle Fels est ainsi l'un des sites du Paléolithique les plus connus au monde.

Hohle Fels et les sites voisins des vallées de l' Ach et de la Lone ont été nominés pour le statut de patrimoine mondial à l'UNESCO.

Merci à Audric pour l'info !

Source:

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Démonstration de la façon dont était utilisé l'outil:
 

7.30.2016

Quand des dents de bébé nous parlent de l'empire polynésien

Au milieu du Pacifique Sud, près des Fidji et Samoa, se situent les îles Tonga. Jusqu'au 19ème siècle, cet archipel était dirigé par une ligné de rois appelés les Tu’i Tonga. Leur empire connut son apogée au début du 16ème siècle; ensuite, les guerres civiles ont miné les Tonga puis les premiers explorateurs européens sont arrivés, engendrant le chaos.

Localisation de Tonga sur le globe. (Image wikimedia commons sous licence CC-BY-SA 3.0)

Une équipe d'archéologues a analysé les restes d'un squelette de l'empire Tu’i Tonga afin d'en savoir plus sur le bilan humain au cours de cette période d'instabilité politique. Avec la permission du Royaume des Tonga, les archéologues de l'Université d'Otago de Nouvelle-Zélande ont analysé des dents de bébé provenant de deux tertres funéraires sur le site préhistorique d'Atele, sur l'île de Tongatapu, cœur de l'ancien empire.

Les squelettes ont été datés entre 1500 à 1800  après JC, une époque où le commerce florissait mais aussi où les différences entre les classes sociales s'accentuaient.
Au cours de cette période, le chef suprême de l'Empire Tu’i Tonga fit bâtir d'importants édifices en réquisitionnant le surplus de production des classes inférieures.

En quelques siècles, ces classes sociales, et l'empire lui-même, se sont fracturées suite à la guerre et des conflits politiques internes.

Ossements d'un enfant préhistorique du site d‘Atele, Royaume de Tonga. Photo: Siân Halcrow

Le site archéologique d'Atele, avec ses importants échantillons de squelettes d'enfants et bébés, permet aux chercheurs de répondre aux questions concernant la santé, les maladies et les stress physiologiques au cours de l'enfance.

La propagation des maladies infectieuses et épisodes périodiques de famines, suspectées par les les archéologues, ont probablement affecté les populations vulnérables plus durement.

Afin de tester leur hypothèse, l'équipe, dirigée par le dentiste Rami Farah et la bioarchéologue Siân Halcrow, a utilisé la microtomographie à rayon X (XMT). Ils ont pu ainsi examiner de plus près ces anciennes dents d'enfants et détecter des traces de décoloration dues au stress physique.

Farah et ses collègues ont trouvé des différences significatives entre les dents de bébé décolorées et non décolorées sur les sites funéraires d'Atele. C'est-à-dire que les dents décolorées résultent d'un stress physique survenu tôt dans la vie, et non pas due aux conditions du milieu d'enfouissement.

Halcrow explique que les "découvertes, sur les dents, de stress précoce dans la vie sont des preuves pathologiques de maladies infectieuses et métaboliques, pour de nombreux enfants du site."

Ces défauts de l'émail que l'équipe a découvert peuvent-être liée à l'infection d'une maladie comme le pian, mais aussi à d'autres infections tropicales courantes comme l'ankylostome, ou de la sous-nutrition périodique, qui peuvent toutes avoir une incidence sur le métabolisme d'un enfant qui grandit et se traduire par un faible développement des dents et des os.

"Cet article" écrivent les chercheurs, "est le premier pas pour apporter une meilleure compréhension de l'histoire des vies de ces enfants et bébés au cours de la période des chefferies à Tonga, une période de renforcement de la hiérarchie et des interactions à travers les réseaux commerciaux."

Plus important, cependant, cette nouvelle étude représente une nouvelle façon d'étudier la santé des très jeunes enfants dans le passé. Les archéologues ont l'habitude d'examiner les dents des adultes pour trouver des traces de défauts dans l'émail. Comme les dents poussent en continue au cours de l'enfance, leurs défauts sont liés au stress que la personne a traversé pendant l'enfance.

 Mais qu'en est-il de ceux qui n'ont pas eu de petite enfance ?

"Avec les méthodes précédentes", précise Halcrow, "nous ne pouvions observer que les individus ayant survécu à leur petite enfance". Elle explique que cette nouvelle technique, qui identifie les défauts dans les dents précoces, "nous a permis d'identifier tout stress en début de vie concernant les enfants qui ont succombé à la maladie au cours de cette période d'instabilité politique et sociale."

L'équipe a jusqu'ici appliqué sa nouvelle méthode pour regarder le stress vécu par les personnes les plus vulnérables vivant dans ce puissant empire dans les îles du Pacifique. Ils prévoient cependant de mener d'autres recherches de ce type dans le futur.


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7.27.2016

Une fonderie médiévale découverte en Sibérie

Des archéologues ont découvert par hasard, près du lac Baïkal, d'anciens fours uniques après avoir remarqué des scories et des revêtements d'argile sur une route accidentée utilisée par les touristes pour accéder au rivage.

Deux fours en pierre ont été découverts. Ils ont pu être utilisés pour fondre du minerai de fer pour des armes comme des couteaux, des pointes de flèches... Photo: Arthur Krinsky

Les tests avec des équipements géophysiques ont confirmé la présence de structures souterraines. C'est ainsi deux fours en pierre qui ont été mis au jour; on suppose qu'ils devaient servir à fondre du minerai de fer pour des armes comme des couteaux, des pointes de flèche et des crochets à carquois, ainsi que des pièces pour les harnais, étriers, faucilles et boucles de ceinture.

D'après le professeur Arthur Kharinsky, de l'Irkutsk National Research Technical University: "nous avons eu la chance de trouver cela. En priorité, nous avons sauvé ces vestiges inhabituels d'ancienne métallurgie de la destruction. Ensuite, nous avons découvert des traces de technologie avancée en métallurgie remontant aux alentours de 1000 après JC. Nous aurons une datation plus précise de ces trouvailles après les analyses au radiocarbone."

Les fours ont du appartenir au peuple Kourykan, connu entre autre pour ses habiles forgerons.

"Non loin des fours, nous avons trouvé des morceaux de minerai et des parties d'une couverture d'argile qui prouvent également l'existence d'un atelier métallurgique"

Photo: Arthur Krinsky

Le site est sur une colline à quelques dizaines de mètres du lac. Il semble avoir été choisi pour le vent optimal nécessaire pour les processus de combustion.

Les fouilles n'ont pas été poursuivies car le passage des touristes aurait pu endommager le site.

Ces fours sont parmi les plus anciens dans cette partie de la Sibérie, pourtant ils mettent en lumière un niveau de développement métallurgique plus avancé que ce que l'on croyait jusqu'ici pour cette période. "Les traditions métallurgiques dans cette région sont enracinées dans des temps beaucoup plus anciens" ajoute le professeur, "les premières découvertes ont été faites en 1998, les plus nombreuses ont eu lieu les années suivantes, ce qui nous montre que la région de Baïkal était l'une des plus grandes régions métallurgiques en Asie à la fin du premier millénaire avant JC et au début du premier millénaire après JC. Nous avons trouvé de nombreuses forges enfouies ressemblant à des fosses en forme d'entonnoir. Elles ont été creusées dans le sol fertile. Ces découvertes ont été faites près des villages de Kurma et Shara-Tagot."

A en juger par la quantité de fer, qui peut être produit avec de telles forges, les habitants ont réussi non seulement à répondre aux besoins de leur propre territoire, mais aussi à exporter la production vers des zones voisines.

Il est évident que les gens qui ont vécu ici, en dépit de tous les processus de migration, ont réussi à conserver, transmettre, et améliorer les technologies métallurgiques de génération en génération.


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