1.14.2013

Des cultures en terrasses découvertes à Petra

Il y a quelques semaines, à environ 15km de Petra, un ancien réseau hydraulique avait été découvert dans le Sud de la Jordanie par des archéologues hollandais...

A Petra cette fois, une autre équipe, internationale, a mené de nouvelles recherches archéologiques. Cela a permis de dater l'âge d'or de la culture en terrasses dans l'ancienne ville du désert: Pétra, située dans l'actuelle Jordanie.

Cette inovation avait conduit à une explosion de l'activité agricole, et avait augmenté l'importance stratégique de la ville: une récompense militaire pour l'Empire romain.

Mur de soutènement d'une terrasse à flanc de coteau utilisé pour l'agriculture à l'extérieur de Petra.

Une équipe d'archéologues internationaux, dont Christian Cloke de l'Université de Cincinnati, a apporté de nouvelles perspectives sur la gestion réussie et extensive de l'eau, ainsi que sur la production agricole dans et autour de l'ancienne ville du désert Pétra.

Les études en cours sont dirigés par le professeur Susan Alcock du
Divers outils et techniques, y compris l'imagerie satellite à haute résolution et la luminescence stimulée optiquement (OSL), ont été utilisés pour dater les sols.  
Cloke, doctorant au Département d'études anciennes à l'UC, et Cecelia Feldman, professeur de lettres classiques à UMass Amherst, ont suggéré que l'agriculture en terrasses et la construction de barrages dans la région au nord de la ville ont commencé vers le premier siècle, il y a 2000 ans, et non pas au cours de l'Age du Fer (vers 1200-300 avant JC) comme cela avait été précédemment supposé.
Ce développement remarquable est dû à l'ingéniosité des anciens Nabatéens, dont le royaume prospère avait Petra pour capitale, jusqu'au début du deuxième siècle. 
La culture en terrasses de blé, de raisin et peut-être d'olives était une réussite. Il devait y avoir une vaste zone verte autour de Petra ce qui devait trancher avec le paysage aride environnant.


Cette culture en terrasses est restée extensive et robuste au troisième siècle.

En se basant sur les découvertes faites en surface et sur la collecte de données comparatives par d'autres chercheurs dans le domaine, il est clair que ce type d'agriculture a continué jusqu'à un certain point pendant de nombreux siècles: jusqu'à la fin du premier millénaire (entre 800 et 1000).

L'ancienne ville de Pétra et son agriculture extensive sont des témoignages d'anciennes stratégies de la gestion des terres, et cela est aujourd'hui frappant à la lumière de l'environnement sec et poussiéreux de la région.

Ces travaux de recherche contribuent à une meilleure compréhension de la ville, de ses réseaux routiers, et de la vie dans la région environnante.


Un succès agricole suivie par une annexion.

En datant le début de la culture en terrasses extensive de Pétra au commencement de notre ère, cela engendre d'importantes implications historiques, selon Cloke.
En effet, cette date coïncide étroitement avec l'annexion romaine du royaume nabatéen en l'an 106.

Il explique ainsi: "Sans aucun doute, l'explosion de l'activité agricole dans le premier siècle et la richesse accrue qui résulte de la production de vin et d'huile à Petra avait un très fort intérêt pour Rome. La région autour de Petra a non seulement permis de satisfaire ses propres besoins en nourriture, mais elle a aussi été en mesure de fournir des olives, de l'huile d'olive, du raisin et du vin pour le commerce. Cette production agricole robuste avait fait de la région un atout précieux pour alimenter les troupes romaines sur la frontière orientale de l'empire."


Des terrasses pour l'agriculture et des barrages pour la gestion de l'eau.

Sur de grandes étendues de terres au nord de Petra, les habitants ont construit des systèmes complexes et étendus pour endiguer les oueds et rediriger l'eau de pluie d'hiver vers les collines en terrasses utilisées pour l'agriculture.

Les précipitations dans la région se produisent seulement entre Octobre et Mars. Elles sont souvent brèves, sous forme de pluies torrentielles; il était donc important pour les habitants de Pétra de capturer et stocker toute l'eau disponible pour une utilisation ultérieure pendant la saison sèche.

Au cours des siècles, les Nabatéens de Pétra sont devenus experts en la matière. Le bassin versant des collines de grès dirigeait naturellement le débit de l'eau vers le centre-ville. Et un système complexe de tuyaux et de canaux dirigeait cette eau vers des citernes souterraines où elle était stockée pour une utilisation ultérieure.

"C'est peut-être le plus important," a déclaré Cloke, "il est clair qu'ils ont eu des connaissances très avancées de leur topographie environnante et du climat. Les Nabatéens différenciaient les bassins hydrographiques et les zones d'utilisation de l'eau: l'eau collectée et stockée dans la ville elle-même n'a pas été cannibalisée pour les usages agricoles. Les administrateurs de la ville distinguaient nettement l'eau au service des besoins de la ville et l'eau utilisée pour les cultures. C'est ainsi qu'une agriculture extensive était située presque entièrement à l'extérieur des limites de captage naturel de la ville et qu'elle utilisait les bassins versants distinctement des systèmes d'écoulement."

Les premières conclusions de ces trois premières saisons de travaux sur le terrain, dans le cadre du projet BUPAP, promettent des découvertes des plus passionnantes au sujet de la façon dont les habitants de Pétra cultivaient le paysage environnant et subvenaient aux besoins de la population de la ville.

La présence de systèmes très développés pour modifier le paysage et la gestion de l'eau à Petra prennent une signification plus large car ils offrent un aperçu des changements géopolitiques et de l'impérialisme romain.

Cloke et Feldman ont présenté leurs conclusions le 4 janvier 2013 à la réunion annuelle de l'Archaeological Institute of America à Seattle, dans un article intitulé: "On the Rocks: Landscape Modification and Archaeological Features in Petra’s Hinterland." 

Source:

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
J'aimerais savoir si quelqu'un a déja émis une théorie concernant une autre utilisation que celle de l'agriculture des terrasses dans les diverses anciennes civilisations (mayas, partout en afrique alors que la population était beaucoup trop peu nombreuse pour expliquer le nombre incroyable de terrasses qu'on peut y retrouver, petra etc.) et ou peut on trouver les études qui prouvent que ces terrasses étaient bel et bien utilisées pour l'agriculture.

Merci

Anonyme a dit…

Bonsoir,

Il me semble que sur le site de Machu Picchu, les terrasses, utilisées pour l'agriculture, servaient en même temps à récupérer l'eau de pluie...